L’Anses veut limiter l’utilisation de mille substances chimiques allergisantes dans les vêtements
Par Clémentine Sabrié
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) et l’Agence suédoise des produits chimiques (KEML) veulent interdire plus de mille substances allergisantes présentes dans les textiles, les cuirs et les fourrures.
"Mes cuisses étaient rouges, boursouflées, avec une souffrance assez intense." Martine, 70 ans, se rappelle de la réaction de sa peau à un jean. Elle a enfilé son pantalon neuf, sans l’avoir lavé auparavant. En balade sous la pluie, son jean est trempé. "J’ai ressenti une drôle de sensation." Ce n’est qu’une fois arrivée chez elle que la retraitée constate l’ampleur des dégâts. Elle applique une pommade, mais "les douleurs, les rougeurs, les brûlures" mettent toute la nuit à disparaître.
Comme elle, 40 000 à 180 000 Européens développent des allergies aux substances contenues dans certains vêtements, chaque année, selon l’estimation de l’Agence nationale sanitaire (Anses) et l’Agence suédoise des produits chimiques (KELM). "Quatre à cinq millions pourraient en souffrir" en Europe, complète Christophe Rousselle, chef de l’unité d’évaluation des risques liés aux substances chimique à l’Anses.
L'Union européenne pourrait interdire plus de mille substances chimiques
Pour lutter contre ces réactions cutanées, l’Anses et le KELM ont déposé une proposition de restriction de plus de mille produits sensibilisants à l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Cette proposition intervient après "une évaluation des risques" pour "déterminer les concentrations maximales à ne pas dépasser pour ces substances afin de protéger les consommateurs", indique l’Anses.
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Les deux agences demandent l’interdiction de "25 substances de la famille des colorants ayant des propriétés sensibilisantes". Pour les autres familles allergisantes, comme le chrome 6, le nickel, ou encore le cobalt, elles veulent limiter leur concentration maximale. Leur proposition fera l’objet d’une consultation publique qui devrait durer six mois. L’ECHA prononcera alors son avis. Puis, la Commission européenne décidera si oui ou non l’utilisation de ces produits doit être restreinte ou interdite.
Des textiles, cuirs et fourrures contiennent des allergènes
Beaucoup d’articles commercialisés dans l’UE sont concernés, qu’ils soient fabriqués sur place ou importés. "Tous les textiles, les chaussures, les articles de literie", énumère Christophe Rousselle.
Tous les tissus qui peuvent rentrer en contact avec la peau ne devront pas contenir ces substances-là au-delà du seuil réglementaire.
Les entreprises devront s’assurer que leurs produits respectent les nouvelles réglementations. "Les pouvoirs publics pourront aussi mettre en place des mesures particulières de contrôle", explique Christophe Rousselle. "Les articles ne seront pas contrôlés systématiquement." Le toxicologue de l’Anses en appelle à "la responsabilité des industriels".