L'arrondi en caisse : un don solidaire qui peut lever 80 000 euros en une seule semaine !

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L'arrondi en caisse : un don solidaire qui peut lever 80 000 euros en une seule semaine !

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Arrondir son ticket de caisse au profil d'associations, c'est le projet fou de MicroDON, entreprise française qui réunit aujourd'hui des milliers d'euros, avec les centimes de milliers de consommateurs !
Arrondir son ticket de caisse au profil d'associations, c'est le projet fou de MicroDON, entreprise française qui réunit aujourd'hui des milliers d'euros, avec les centimes de milliers de consommateurs !
© Getty - DigitalVision

Au moment de payer à la caisse d'un magasin, on vous a déjà proposé d'arrondir votre facture au profit d'une association ? Il s'agit de "l'arrondi en caisse", un don solidaire qui n'a l'air de rien : quelques centimes par personnes, et qui permet pourtant de lever des milliers d'euros chaque semaine !

Dernièrement dans l'émission Carnets de campagne, Philippe Bertrand a reçu Olivier Cueille, le co-fondateur d'une entreprise solidaire microDON. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais si l'on vous dit "arrondi en caisse", vous voyez certainement de quoi il retourne... Il s'agit de toutes ces fois, où au moment de payer vos courses, le terminal de paiement vous propose d'arrondir votre facture au profit d'une association. 

Arrondir sa facture de courses : quelques centimes au profit d'associations

L'arrondi en caisse, ou "arrondi solidaire", est apparu à la caisse de nos magasins il y a quelques temps, pourtant beaucoup de personnes ignorent encore ce que c'est, et surtout ce qui se cache derrière. Les quelques centimes dont on fait "don" au magasin, partent-ils vraiment au profit d'une association ? Et bien oui. « 100 % des dons des clients sont versés aux associations », affirme Olivier Cueille.

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Du côté des grandes enseignes, une trentaine sont devenues partenaires de l'entreprise microDON et ont mis en place l'arrondi solidaire en caisse. Franprix, Monoprix, Picard, Sephora, Truffaut, Maisons du Monde, Natures & Découvertes, Celio, Gémo....

« C’est colossal, il y a aujourd’hui 30 enseignes, qui représentent aujourd’hui 8 000 points de vente en France, qui sont équipés des solutions d’arrondi solidaire. Et le potentiel est phénoménal puisque ce sont des centaines de milliers, des millions de personnes qui passent en caisse chaque jour, et comme en moyenne 10 à 45 % d’entre eux acceptent de faire l’arrondi, on lève des sommes phénoménales en peu de temps. 80 000 euros par semaine chez Monoprix, plus ou moins 50 000 euros par mois chez Sephora… »

Du côté des associations bénéficiaires  elles sont déjà plus de 200 à avoir rejoint l'initiative de microDON, dont la Croix-Rouge, le Secours Populaire, Reporters Sans Frontières, Emmaüs, Handicap International, SOS Villages d'enfants, CCFD-Terre Solidaire, la Ligue contre le Cancer, France Alzheimer, Trisomie 21, Les Petits frères des pauvres... et l'entreprise croule encore sous les demandes.

Toutefois, si l'arrondi en caisse a fait son apparition dans nos magasins il y a quelques années, c'est le fruit d'un long travail. L'entreprise microDON oeuvre pour ce projet depuis près de 11 ans...

Une idée importée du Mexique

C'est lors d'un voyage au Mexique, il y a 12 ans, que Pierre-Emmanuel Grange, l'autre co-fondateur de microDON a rencontré pour la première fois cette initiative, au moment de payer ses courses. Il est tombé amoureux de l'idée et l'a ramené en France. A cette époque, Pierre-Emmanuel Grange et Olivier Cueille travaillaient tous les deux dans la grande sphère de la finance mondiale. Un an après son retour du Mexique, Pierre-Emmanuel Grange et Olivier Cueille se lançaient dans l'aventure.

« Nous étions d'humbles informaticiens dans une société de crédits aux particuliers. Les années 2007-2008 commençaient à annoncer quelque chose de morose... et nous ont donné envie de faire le pas, de faire une vrai virage à 180 degrés, et de mettre nos compétences au service d'un impact social et environnemental, puisqu'on a réalisé qu'avec l'or qu'on avait dans les mains et ce qu'on savait faire des systèmes informatiques de ces grandes entreprises, on pouvait influencer et changer les choses, pour que les citoyens puissent de façon aussi simple qu'évidente être acteurs. »

Un travail de 11 ans pour convaincre les grandes enseignes

Ensuite, il a fallu passer par la phase la plus difficile et compliquée, celle qui a duré des années... convaincre les grands magasins, mais aussi changer radicalement les terminaux de paiement. En effet, l'installation d'une fonction "arrondi solidaire" sur les terminaux de paiement, n'est pas une mince affaire. Cette initiative nécessite une installation technique toute particulière auprès des enseignes, qui bouleverse radicalement les manières de fonctionner.

« Il a fallu convaincre les grands acteurs du marché, les technologistes du paiement, ils sont deux ou trois en France : Verifone, Ingenieco, Worldline, ce sont les grands noms de la monétique et il a fallu les convaincre de modifier les parcours, les logiciels, les questions qui sont posées aux clients... C'est un vrai travail d’ingénierie de fourmi pour convaincre tous ces acteurs-là de faire le pas, et il s'en est suivi plusieurs années de pèlerinage pour aller rencontrer et convaincre les enseignes de mettre en place ce dispositif. »

Rappelons également que l'arrondi en caisse ne rapporte pas d'avantages fiscaux aux enseignes qui les pratiquent. Les enseignes ne bénificient ni d'une défiscalisation sur le montant des dons collectés, ni d'aucune commission sur les dons.

Des campagnes courtes et des associations imposées...

Certes, l'arrondi en caisse est un système très vertueux, puisque 100 % des dons des clients sont versés aux associations. Mais existe-t-il encore un moyen d'améliorer ce système ?

Vous l'avez peut-être remarqué, les enseignes des grands magasins ne proposent pas systématiquement l'arrondi en caisse : cela dépend des équipements, mais pas seulement. L'arrondi en caisse peut reposer sur des campagnes de courtes durées, qui mettent en avant une seule et même association, permettant ensuite de faire un roulement. Ce sont donc les enseignes qui choisissent elles-mêmes l'association qu'elles présenteront à leurs clients, le temps d'une campagne de deux, quatre, six semaines d'affilée...

Petit hic : les enseignes imposent donc à leurs clients, l'association pour laquelle ils pourraient faire un don. On pourrait imaginer un système dans lequel le consommateur reste libre de ses choix, et décide lui-même à quelle association il aimerait que son "arrondi en caisse" soit versé. Bien évidemment, cela demanderait encore plus de mise en oeuvre technique sur les terminaux de paiement, mais cela permettrait probablement de donner plus de chances aux petites associations, qui étant méconnus peuvent être plus rarement choisies par les grandes enseignes lors de leurs campagnes.