Mohamed Mbougar Sarr, 31 ans, était le grand favori pour le prix Goncourt et il l'a remporté, grâce à son roman "La plus secrète mémoire des hommes". Le prix Renaudot est lui attribué à Amélie Nothomb.
Il était l'une des grandes surprises de la rentrée littéraire, avec son roman "La plus secrète mémoire des hommes" ( éditions Philippe Rey). Mohamed Mbougar Sarr est le lauréat du prix Goncourt 2021 annoncé ce mercredi 3 novembre. Grâce à son quatrième roman, il devient le plus jeune auteur récompensé. Mohamed Mbougar Sarr est publié dans une maison d'édition indépendante, et cela n'était plus arrivé pour un vainqueur de Goncourt depuis 37 ans.
L'auteur sénégalais est attendu au restaurant Drouant à Paris. Il a donné sa première réaction à France Inter : "Je pense que c’est un formidable signal qui est envoyé par l’Académie Goncourt. (…) Il faut que l’espace francophone devienne plus démocratique, que l’on remarque plus, que l’on soutienne plus les écrivains de cet espace parce qu’il y en a vraiment de formidable, qui mériterait tout autant ce prix et cette visibilité-là."
J’espère que cela ne relèvera plus d’une sorte d’exception mais que cela deviendra presque normal dans l’avenir de voir des écrivains, de l’espace francophone, noir, africain, et d’ailleurs à pouvoir prétendre à ce prix.
Le romancier transpose l'histoire de l’écrivain malien Yambo Ouologuem, le premier auteur africain de langue française à recevoir le prix Renaudot. Il avait écrit "Le Devoir de violence" en 1968. Mais sa carrière se brise après des accusations de plagiat. Dans son ouvrage, Mohamed Mbougar Sarr raconte l'histoire d’un jeune écrivain sénégalais qui vit à Paris et qui se lance sur les traces d’un auteur africain surnommé le "Rimbaud nègre", auteur d’un seul livre avant d’être accusé de plagiat.
Mohamed Mbougar Sarr était invité d'Augustin Trapenard dans Boomerang en septembre dernier pour présenter son livre.
La littérature n’est pas à côté de la vie, mais à l’intérieur. Elle est sa veine la plus centrale.
Il considère la littérature comme "l’âme de la France, mais c'est aussi un lieu d'ambiguïtés, de domination et d’amour à la fois." Trois autres auteurs concourraient pour le prix, l'Haïtien Louis-Philippe Dalembert, Christine Angot et Sorj Chalandon.
Dans ces précédents livres, le jeune auteur sénégalais avait abordé le sujet de l'homosexualité, des jihadistes du Sahel et de la migration.
Si le lauréat remporte un chèque symbolique de dix euros, ce prix est source de succès en librairie. L'an passé, le livre primé d'Hervé Le Tellier, "L'Anomalie" avait créé un engouement sans précédent depuis "L'Amante" de Marguerite Duras en 1984. Il a vendu plus d'un million d'exemplaires.
Le Renaudot pour Amélie Nothomb
Le prix Renaudot est lui attribué à la romancière belge Amélie Nothomb, avec son trentième roman, "Premier Sang" (Albin-Michel) où elle rend hommage à son père Patrick Nothomb, avec un récit à la première personne. Ce diplomate, issu de la haute société belge, est mort l'an passé, au tout début de l'épidémie de Covid-19. "Comme je n’ai pas pu lui dire au revoir, vu que j’étais confinée à Paris, j’ai eu l’impression d’un au revoir raté", avait confié la romancière à Léa Salamé. "Du coup, pour pouvoir réussir cet au revoir, il fallait que je lui rende la vie complètement. Et pour un écrivain, la seule manière de rendre la vie c’est de l’écrire mais aussi que je lui donne ma vie, que je devienne mon père le temps que j’écrive ce livre, d’où ce livre écrit à la première personne."
La romancière attendait depuis longtemps un grand prix littéraire d'automne. En août dernier, les critiques du Masque avaient salué "un livre éblouissant" et "un grand écrivain".