L'épidémiologiste Pascal Crépey anticipe "un déconfinement plus strict que celui du printemps"
Par Alice KachanerEmmanuel Macron doit annoncer la semaine prochaine les contours du déconfinement. Un déconfinement qui s’annonce progressif. Revenir à une vie normale par paliers, être extrêmement vigilant, c’est le souhait de l'épidémiologiste Pascal Crépey.
Pascal Crépey est épidémiologiste et chercheur à l'Ecole des hautes études en santé publique à Rennes. Il souligne la nécessité d'avoir un déconfinement plus strict, moins lâche en hiver qu'au printemps. Pour éviter une troisième vague, il s'attend à voir les bars, restaurants et boîtes de nuit rester fermés un certain temps, puisque dans ces lieux clos les gens augmentent "leur nombre de contacts et ne portent pas le masque."
FRANCE INTER : À quoi doit ressembler ce nouveau confinement ?
PASCAL CRÉPEY : "Malheureusement, on risque de devoir subir un déconfinement beaucoup plus strict, beaucoup plus vigilant que celui du printemps. Et pour cause, durant l’hiver ce coronavirus se transmet beaucoup plus facilement. Les gens vivent beaucoup plus à l’intérieur, aèrent moins, ce qui favorise les contaminations."
Est-ce raisonnable, dans ce cas, de rouvrir les commerces, les restaurants ?
"Le problème n’est pas tant que les gens aient accès aux magasins. A priori, les procédures sanitaires seront adaptées. Le vrai problème, c’est que les gens sortent, voient du monde et augmentent leur nombre de contacts dans des endroits peu ventilés et où ils ne portent pas le masque. Or c’est le cas, par définition, dans les bars, les restaurants, les boites de nuit. Donc si on veut éviter une troisième vague, il va falloir très certainement éviter de rouvrir ces lieux ou alors transférer leur activité en extérieur, ce qui est très compliqué en période hivernale."
Hormis la fermeture de ces lieux, quels sont les moyens d’éviter une troisième vague ?
Pour lutter contre les contaminations, il y a deux leviers sur lesquels on peut jouer. D’un côté, la limitation des contacts individuels, ce qui permet de restreindre le nombre d’infections. Une méthode pourrait être de déconfiner la population tout en mettant en place un couvre-feu, il faudrait également renforcer le télétravail. De l’autre côté, il y a la lutte contre les chaînes de transmission, et cela passe par l’identification des personnes positives au Covid-19. Il faudrait donc renforcer les techniques de traçage pour qu’elles soient les plus réactives possibles. L’application Tousanticovid peut être un bon outil pour y parvenir."