L'état de Siège, d'Albert Camus par Emmanuel Demarcy-Mota du 8 mars au 1er avril au Théâtre de la Ville
Par Valérie GuédotUne allégorie vertigineuse, un mythe moderne inventé par Albert Camus avec une liberté fascinante. Un théâtre total et choral, à la fois véridique et poétique.
Emmanuel Demarcy-Mota met en scène L'état de Siège d'Albert Camus au Théâtre de la Ville.
La ville au bord de la mer est étrangement paisible. Il ne s’y passe rien et le Gouverneur s’en réjouit. Le marché bat son plein, des comédiens répètent… Tout à coup, l’un d’eux s’effondre. Deux médecins diagnostiquent la peste. Un homme arrive, accompagné de sa secrétaire, il exige la place du Gouverneur : « Je suis la Peste », déclare-t-il.
L’état de siège est proclamé… La Terreur s’installe.
Aux « songeries du “vieux monde” », la Peste apporte l’ordre, la logique fonctionnelle de l’organisation, de l’administration, des listes, des fiches, des statistiques, de l’inquisition, de la persécution. Tout ce dont la Peste est le symptôme ou le nom !
Jusqu’à ce que la révolte s’organise, menée par un jeune homme : Diego.
Jusqu’à ce que le vent de la mer se lève…
Cette pièce rare, créée en 1948 par Jean-Louis Barrault, développe une allégorie multiple, teintée de fantastique, sur les régimes corrompus, autoritaires, fascisants. Albert Camus, dont les références furent souvent le théâtre espagnol de l’Âge d’or (Calderón, dont il a adapté certaines pièces) déclarait à son propos : « Mon but avoué était d’arracher le théâtre aux spéculations psychologiques et de faire retentir sur nos scènes murmurantes les grands cris qui courbent ou libèrent aujourd’hui des foules d’hommes. »
François Regnault - Source Théâtre de la Ville
Les attentats, la peur, légitime, certes, mais qui exige qu’on réfléchisse à réagir face à elle. J’ai alors lu L’Etat de siège, une des premières pièces écrites après la Seconde Guerre mondiale, après le pire dont un être humain soit capable. Avec Camus, j’ai redécouvert un passionné du théâtre, un amoureux des mots, de la pensée, le défenseur d’une révolte nécessaire qui ne produit pas d’agressivité contre l’autre, un homme dont la passion pour le foot et le théâtre le portait à croire au travail d’équipe. C’est alors devenu une évidence de monter ce texte sur la beauté du monde, de l’amour, et sur la nécessité de trouver des actes qui nous rendent optimistes.
Extrait de l'itw de Emmanuel Demarcy-Mota par Catherine Robert pour le journal La terrasse, 21 février 2017
►►► Distribution
- texte d’Albert Camus
- mise en scène Emmanuel Demarcy-Mota
- assistant à la mise en scène Christophe Lemaire
- scénographie Yves Collet
- lumières Yves Collet & Christophe Lemaire
- son David Lesser
- vidéo Mike Guermyet
- costumes Fanny Brouste
- masques Anne Leray
- maquillage Catherine Nicolas
- conseiller artistique François Regnault
- assistant lumières Thomas Falinower
- 2e assistante à la mise en scène Julie Peigné
- avec Serge Maggiani, Hugues Quester, Alain Libolt, Valérie Dashwood, Matthieu Dessertine, Jauris Casanova, Philippe Demarle, Sandra Faure, Sarah Karbasnikoff, Hannah Levin Seiderman, Gérald Maillet, Walter N’Guyen, Pascal Vuillemot & en alternance Ilies Amellah, Joséphine Loriou, Chiara Vergne
►►► Aller plus loin
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Emmanuel Demarcy-Mota dans L'Humeur vagabonde de Kathleen Evin le 14 janvier 2013