L'opération reconquête débute mal pour François Hollande

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L'opération reconquête débute mal pour François Hollande

[scald=221745:sdl_editor_representation]PARIS (Reuters) - L'opération reconquête de l'opinion entreprise par François Hollande a mal débuté lors d'un déplacement de deux jours à Dijon, où le chef de l'Etat a été interpellé et où peu d'habitants ont pu l'approcher.

Pour tenter de rompre avec les tournées fortement sécurisées de son prédécesseur Nicolas Sarkozy, l'Elysée avait affirmé qu'aucune barrière n'isolerait le président des Français. Mais le zèle de policiers a brouillé lundi le message en Côte-d'Or.

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L'opposition a dénoncé une mise en scène de la part d'un président devenu symbole d'impuissance, au moment où il atteint un plus bas historique de confiance de 31% dans un sondage Ipsos diffusé lundi.

En dépit des critiques qui montent dans son propre camp, François Hollande a réitéré mardi sa volonté de dialogue, expliquant qu'un seul déplacement de ce type ne pouvait résumer sa relation avec les Français et qu'il ne redoutait rien.

"Tous ceux qui veulent m'interpeller peuvent le faire, je ne crains ni ne redoute rien. Chaque fois qu'on peut avoir un dialogue respectueux, c'est bien", a-t-il dit en marge de la visite de l'entreprise Urgo, dans l'agglomération dijonnaise.

"Il y a des moments de doutes, d'impopularité, et alors ? Moi je dois montrer où nous allons et ce que nous pouvons réussir, c'est le but de ce déplacement".

Visant Nicolas Sarkozy, il a ajouté : "Passer deux jours, c'est justement aussi un signe de respect, pas simplement arriver, repartir, faire une annonce et être protégé. Moi je ne demande aucune protection".

Les socialistes, alors dans l'opposition, reprochaient à l'ancien président UMP de ne s'exprimer que devant un public trié sur le volet et dans des lieux protégés par un imposant dispositif policier.

Au moins trois militants dont un syndicaliste de Solidaire et deux autres brandissant des portraits de Jean Jaurès ont été expulsés lundi à Dijon sur le parcours de François Hollande.

CONSIGNES PLUS EXPLICITES À L'AVENIR

Des militants socialistes ont reconnu parallèlement avoir eu des consignes pour accueillir le chef de l'Etat.

L'entourage de François Hollande a admis un "excès de zèle", affirmant qu'à l'avenir, les consignes données aux forces de l'ordre seraient "plus explicites".

"C'est la première fois que cela arrive, cela n'est jamais arrivé avant, c'est une fois de trop", a-t-on ajouté, réaffirmant que le président tenait absolument à avoir "un rapport direct" avec les Français.

Le ministre du Travail, Michel Sapin, a refusé de dramatiser la contestation autour de ce déplacement, jugeant que le mécontentement s'expliquait avant tout par les difficultés économiques et que le gouvernement avait besoin de temps.

"Je ne vois pas de virulence, je ne vois pas de haine, ni vis-à-vis de la personne, ni vis-à-vis de l'équipe", a-t-il estimé sur France info.

Pour nombre de responsables socialistes, le contact un peu rude du président avec la réalité n'a rien avoir avec l'hostilité flagrante qui avait marqué le voyage de Nicolas Sarkozy il y a un an à Bayonne.

Mais pour l'opposition de droite, François Hollande, qui disait vouloir donner à l'occasion de ce voyage du sens à sa politique, n'a pas de message à envoyer et est incapable de tenir un cap.

"INCARNATION DE L'IMPUISSANCE"

"Ce président est en train de devenir l'incarnation de l'impuissance", a estimé la députée UMP Nathalie Kosciusko-Morizet sur BFM-TV et RMC.

"Au lieu d'être (...) dans l'urgence et dans l'action, il fait un tour de France de la propagande", a-t-elle ajouté, dénonçant une "mise en scène".

Pour le député UMP Eric Ciotti, François Hollande a "tellement menti aux Français pendant la campagne électorale qu'aujourd'hui, il est complètement pris à contre-emploi de défaut, de déni de ces promesses."

"La crise est là, il avait nié, tout était de la faute de Sarkozy. Et aujourd'hui, on a ce gouvernement incapable de tenir un cap, c'est ça qui est dangereux", a-t-il dit sur RFI.

Le doute semble également percer parmi les socialistes.

"Le Parti socialiste, la communauté socialiste n'est pas à la hauteur du combat à engager pour donner du sens", avait ainsi déclaré lundi le député PS Jean-Christophe Cambadélis, reprochant à François Hollande de trop parler.

L'ex-député socialiste Julien Dray a estimé sur son blog qu'il fallait "donc être sacrément optimiste pour envisager imperturbablement de continuer la même politique".

Le maire PS de Lyon, Gérard Collomb, juge pour sa part les messages du chef de l'Etat "contradictoires" et lui demande de "fixer un cap", notamment pour les entreprises.

"La gauche est fragmentée, c'est vrai, mais si François Hollande se laisse enfermer dans les contradictions qui la divisent, il va se retrouver paralysé. La seule façon de les dépasser est d'aller de l'avant", dit-il dans Le Monde.

"On peut construire un discours positif sans tomber dans de folles chimères", ajoute-t-il en défendant un "socialisme de l'offre" qui implique, selon lui, de "changer de braquet".

Gérard Bon, avec Julien Ponthus à Dijon, édité par Patrick Vignal