L'origine de la viande toujours très floue

Trois ans après l'affaire des lasagnes de cheval, l'UFC-Que choisir a enquêté sur l'étiquetage des produits à base de viande. Résultats : l'origine de la viande n'est pas mentionnée dans 74% des produits à base de poulet, 57% de porc et 30% de bœuf.
Au total, l'association de défense des consommateurs a vérifié l'étiquetage de 245 aliments de consommation courante à base de viande de bœuf, de porc et de poulet pour 13 grandes marques nationales et 7 enseignes de la grande distribution. Résulats : plus de la moitié (54 %) des produits font l’impasse sur l’origine de la viande.
Les produits à base de poulet et de porc sont les plus mauvais élèves
Les produits à base de bœuf limitent la casse : 70% indiquent le pays d’origine. L'opacité est très forte pour les produits à base de poulet et de porc avec respectivement 74 % et 57% des produits sans la moindre mention.
Trois quarts des saucisses de Strasbourg ne portent aucune indication de l’origine. Idem pour 62% des nuggets de poulet, 87% des charcuteries de volaille et 92% des sandwiches au jambon.

L'industrie agro-alimentaire se défend
Pour s’opposer à l’étiquetage obligatoire, les industriels arguent que l’étiquetage de l’origine serait impossible pour les produits très élaborés. L'UFC-Que choisir réplique que les saucisses de Strasbourg ne contiennent que deux ingrédients principaux (la viande et le gras tous deux issus du porc).
Pourtant l’étiquetage de l’origine y est plus rare (25%) que pour les plats complets (38%) dont les recettes sont bien plus complexes.
Autre argument des professionnels : les produits seront plus chers si on applique la traçabilité. A cela, l'UFC-Que choisir répond que le surcoût dû à la traçabilité ne représente qu’un surcoût de +0,7% soit seulement 0,015 euro pour une barquette de lasagnes.
De nombreux industriels français et européens font pression depuis trois ans sur les instances européennes pour que l'origine de la viande ou même des legumes dans les plats cuisinés n'apparaissent pas ou plus exactement que ce soit une demarche volontaire de l'industriel. Tout cela parce que ces industriels n'ont pas envie que l'on regarde dans leur arrière-cuisine. Par exemple, on importe chaque 24 000 tonnes de filets de poulet du Bresil ou de Thailande pour des nuggets... mais comme par magie nous consommateurs nous ne pouvons plus savoir ce qu'ils deviennent. En effet, aucune marque n'indiquera "nugget origine Thailande" car ce n'est pas vendeur.Même chose pour les sandwich industriels des deux leaders du secteur ou encore pour cette langue de boeuf avec pour seule mention "abats importés". Importés d'où? On ne sait pas!Les appellations ne nous protègent pas beaucoup plus... par exemple le spek jambon traditionnel italien vendu en France est elaboré avec des cuisses de porcs venant du Danemark mais ça on ne l'indique pas non plus
L'UFC-Que choisir interpelle l'Europe
La Commission Européenne n’a pas adopté de mesures réglementaires (à la suite du scandale des lasagnes de cheval, jugeant suffisantes les informations données à titre volontaire par les fabricant .
Mais toutes les marques ne jouant pas le jeu (voir tableau ci-dessous), l'association de défense des consommateurs en appelle aux parlementaires européens. Ils devraient prochainement se prononcer sur une résolution pour l’étiquetage. L'UFC-Que choisir réclame qu'ils votent POUR la traçabilité afin d'accroître la pression sur la Commission Européenne.
Puis l'association demande à la Commission d'adopter une réglementation sur l’étiquetage obligatoire de l’origine dans les produits transformés.

►►►**| CONSULTER** L'ENQUETE DE L'UFC-QUE CHOISIR "Indication de l'origine des viandes dans les produits transformés à base de porc, de poulet et de boeuf"