La crise du Covid n'a eu aucun impact négatif durable sur les plus riches, selon Oxfam

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La crise du Covid n'a eu aucun impact négatif durable sur les plus riches, selon Oxfam

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L'organisation caritative s'indigne de voir une augmentation des inégalités liée au Covid
L'organisation caritative s'indigne de voir une augmentation des inégalités liée au Covid
© AFP - Justin TALLIS

Dans son bilan annuel intitulé "Le virus des inégalités", l'organisation humanitaire estime que les habitants les plus fortunés de la planète ont recouvré leurs pertes liées à l'épidémie en seulement neuf mois. Les dix milliardaires les plus riches ont même vu leur fortune totale augmenter de 540 milliards de dollars.

Dans les premiers mois de la pandémie, l'année semblait s'annoncer difficile même pour les plus riches citoyens de la planète. L'épidémie de Covid-19 a en effet provoqué un effondrement des marchés boursiers, et donc des pertes importantes pour les milliardaires, qui figurent parmi les plus gros actionnaires. Mais depuis, ça va bien mieux, merci pour eux.

Selon Oxfam, les dix plus grosses fortunes mondiales ont même vu leur fortune... augmenter, de 540 milliards de dollars au total, entre le 18 mars et le 31 décembre. Les 1.000 plus fortunés ont recouvré toutes leurs pertes en seulement neuf mois, notamment, selon Oxfam, "grâce à un soutien sans précédent des gouvernements pour leur économie", qui a permis au "marché boursier de prospérer".

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Un point de vue conforté par la banque UBS, qui confirme que "depuis le mois de mars, les plans fiscaux d’urgence et les politiques monétaires ont permis une forte remontée des marchés financiers, permettant à la fortune des milliardaires de retrouver, dès 2020, des niveaux supérieurs à 2019".

Les milliardaires français ont retrouvé leur niveau de fortune de février

En France, les milliardaires se portent eux aussi bien mieux après le premier choc de la pandémie. Oxfam estime qu'ils ont gagné près de 175 milliards d'euros entre mars et décembre 2020 (soit "deux fois le budget de l'hôpital public français"). Après de lourdes pertes en mars, ils ont retrouvé en décembre leur niveau de fortune collectif du mois de février.

Pas d'inquiétude non plus du côté de Bernard Arnault, dont la fortune est passée selon Oxfam de 108 milliards (en janvier) à 152 milliards (en décembre) de dollars. Soit le double de sa fortune enregistrée en mars 2019.

L'ONG rappelle aussi que sur les 43 milliardaires français (un chiffre quasi constant depuis 2014), plus de la moitié ont hérité de leur fortune. Et seules 5 sont des femmes.

De l'autre côté, la pauvreté repart à la hausse

Des chiffres d'autant plus frappants qu'à l'autre bout du spectre, les plus pauvres subissent la crise de plein fouet. Selon Oxfam, s'il a fallu neuf mois aux plus riches pour retrouver leur niveau de fortune d'avant la pandémie, il faudra plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour s'en relever.

Parmi les signes frappants de ce choc, l'explosion de l'aide alimentaire : "Le nombre de bénéficiaires est estimé à plus de 8 millions de personnes à l’automne 2020, alors qu’il se situe autour de 5,5 millions en temps normal", explique le rapport d'Oxfam, qui évoque aussi le nombre d'allocataire du RSA, qui a augmenté de 8,5 % entre octobre 2019 et octobre 2020 (pour un total de 2,1 millions de personnes).

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Une situation qui ne semble pas partie pour s'améliorer : Oxfam assure que moins de 1 % du plan de relance français est dédié à la lutte contre la pauvreté (800 million d'euros sur 100 milliards au total, dont 533 millions réservés à la hausse de l'allocation de rentrée scolaire). "Dans le même temps, le gouvernement a versé des milliards aux entreprises sans fixer aucune contrepartie contraignante", souligne l'ONG. "Comme par exemple des revalorisations salariales pour les travailleur-se-s en première ligne, l’interdiction de verser des dividendes en temps de crise ou encore des mesures écologiques."

Selon la Banque mondiale, plus optimiste, si les pays du monde "interviennent sans attendre pour réduire les inégalités", la pauvreté pourrait revenir à son niveau pré-Covid "en seulement trois ans". Contre plus de dix ans si rien de plus n'est fait.