La France des plans sociaux : dix ans de crises et d'emplois perdus
Par Léo TescherÀ l’occasion du "7/9" délocalisé à Lampaul-Guimiliau ce vendredi, focus sur ces autres crises sociales qui ont marqué leurs bassins d’emploi.
Ce vendredi 3 février, France Inter inaugure sa nouvelle formule à Lampaul-Guimiliau, petit ville du Finistère touchée par un des plans sociaux les plus importants de ces dernières années. Nous vous proposons ici d'autres exemples de crises industrielles récentes.
Abattoirs GAD
Le 11 octobre 2013, le tribunal de commerce de Rennes évite la liquidation judiciaire du groupe GAD en fermant notamment le site de Lampaul-Guimiliau. 889 personnes sont licenciées, victimes de la crise de la filière porcine. Entre temps, fin 2010, la Cecab avait racheté les parts du fils du fondateur du groupe afin de maîtriser toute la filière du champ à la fourchette. Mais les premières difficultés se font sentir un an plus tard, avec la concurrence des abattoirs allemands "qui emploient une main-d’œuvre meilleur marché venue de Bulgarie ou de Roumanie" écrit Libération. Désormais, selon Le Parisien, "le groupe fait travailler des intérimaires roumains sur le seul site de Josselin".
► C’est le licenciement de 873 salariés chez le volailler Doux, en aout 2012, étape marquante dans la crise de l’agroalimentaire breton. Le groupe a depuis largement réduit son endettement.
Goodyear Amiens-Nord
Le 22 janvier 2014, après un conflit de plusieurs années sur la réorganisation du travail, nécessaire selon la direction à cause de la chute de la production automobile en Europe, l’usine ferme définitivement et 1.143 salariés sont licenciés. Plus de 700 personnes sont toujours aujourd’hui au chômage. La ville d’Amiens toute entière en a subi les conséquences économiques. "Ce crash industriel a couté 1,2 millions d'euros de pertes de recettes fiscales à la commune", écrit L’Humanité, "et le taux de chômage tourne autour de 12%, soit 2 points au-dessus de la moyenne nationale".
► Une fermeture d’usine qui rappelle celle de l’usine Continental de Clairoix, à 85km d’Amiens : 1.113 salariés se retrouvent au chômage le 11 mars 2009. Sept ans plus tard, les "Contis" ont gagné leur procès.
ArcelorMittal
C’est le symbole de la désindustrialisation sous le quinquennat de François Hollande. Symbole aussi de la crise du secteur de la sidérurgie en proie à un marché mondial de l’acier au plus bas. Le groupe ferme les hauts-fourneaux de Florange dès avril 2013 alors que, un an auparavant, le candidat Hollande était venu "prendre des engagements" devant les salariés. "Les 629 postes concernés, précise l'entreprise, ont fait l’objet de départs à la retraite ou de reclassements, dont l’immense majorité sur le site industriel de Florange." Une plateforme publique de recherche a notamment été créée. Florange emploie 2 000 salariés, produit toujours de l'acier, et se veut un "site d’excellence pour les aciers haut de gamme", précise la société. François Hollande dit avoir "respecté ses engagements" en ayant obtenu "180 millions d’euros d’investissement du groupe".
Reste que depuis dix ans, le secteur est toujours à la peine. La production française d’acier s’est effondrée de 24%. Et en avril 2016, sur les douze mois précédents, un plongeon de plus de 11% était enregistré, selon l'association World Steel citée par Challenges.
Lejaby
Autre secteur en crise en France, le textile. Vous vous souvenez peut-être du combat des "Lejaby" entre 2010 et 2012. 255 salariés du fabricant de lingerie étaient licenciés après l’arrivée d’un repreneur qui décidait également de fermer sa dernière usine en France, à Yssingeaux. Trente d’entre elles pensaient pouvoir continuer à produire de la lingerie de luxe en reprenant leur usine de Villeurbanne en 2012. Deux ans plus tard, elles ont dû cesser leur activité suite à une liquidation judiciaire.
Sans les oublier, nous aurions aussi pu parler de PSA, Mory-Ducros, Tilly-Sabco, La Redoute, et de ces 190 entreprises qui ont encore fermé en France en 2015... contre seulement 146 ouvertures la même année.