Certains films sont plus attendus que d'autres. "La La Land" de Damien Chazelle fait partie de ceux là. Mais une question se pose : sur quoi repose cette attente ?
[Mise à jour du 24 janvier 2017] : le film La La Land vient de réaliser un nouvel exploit après une moisson de 7 récompenses aux 74e Golden Globes. Le film a reçu 14 nominations aux Oscars. Deux autres films avaient réalisé le même exploit : Titanic de James Cameron en 1998 et Ève de Joseph L. Mankiewicz en 1951. Nous saurons le 26 février prochain si Damien Chazelle fera mieux que Ben-Hur (1960), Titanic (1998) et Le Seigneur des Anneaux : le retour du Roi (2004) qui avaient chacun remporté 11 statuettes.
Damien Chazelle est le phénomène attendu par la critique et, de fait, par le public. Cette épiphanie Hollywoodienne a pour origine son premier film Whiplash, sorti en 2014. Il avait remporté un grand succès auprès des professionnels et séduit, en France, plus de 300 000 spectateurs. Son deuxième film, La La land semble avoir tout les atouts nécessaires pour réitérer ce succès. Le casting répond au critère d'un grand film hollywoodien avec le mélange nécessaire de glamour et de talents incarné en Emma Stone et Ryan Gosling. La musique de Justin Hurwitz (Whiplash) est d'une redoutable efficacité. Mais cela est-il suffisant pour en faire un film si attendu ?
Un futur grand nommé Chazelle
En ce mois de janvier 2017, le roi de l'entertainment, Jimmy Fallon officiait comme maître de cérémonie pour les Golden Globes. Amoureux des comédies musicales, spécialiste de l'happening avec son late show, il avait, avec ses auteurs, crée l’événement avec une scène d'ouverture où La La Land tenait une place centrale. Et bon lui en a pris puisque le film a remporté sept récompenses ce soir là, s'ajoutant au prix d'interprétation pour Emma Stone à Venise.
La La land porte une attente : confirmer la réussite de Whiplash. Le succès de ce film était une promesse. Damien Chazelle représentait l'espoir d'Hollywood. Le petit gars de Rhode Island proposait un film qui imposait un style, un rythme, une originalité et une fraîcheur. Les récompenses tombent dont un Oscar du meilleur second rôle pour Jonathan Kimble Simmons. C'est une récurrence depuis l'invention du cinéma : Hollywood produit régulièrement des réalisateurs de talents. Mais rares sont ceux qui dès le premier film ont réussi comme Damien Chazelle.
Un film de références
C'est dans le titre québecois du film qu'un deuxième indice se cache. Nos cousins d'outre-Atlantique ont pour habitude de traduire de façon systématique les titres des films américains. Et c'est ainsi que La La Land est devenu Pour l'amour d'Hollywood. Et, avec ce film, Damien Chazelle permet à Hollywood de renouer avec son glorieux passé et la comédie musicale sans tomber dans le grotesque, la suite ou le remake... Jusqu'à présent, seul le réalisateur Baz Luhrman portait ce genre sur grand écran. On situe l'âge d'or de la comédie musicale entre les années 30 et le début des années 60 avec des comédiens comme Judy Garland, Fred Astaire, Frank Sinatra ou encore Gene Kelly.
Le film est une véritable déclaration d'amour au cinéma, et ses grands classiques dont Damien Chazelle s'inspire : Les parapluies de Cherbourg, Casablanca, Elle et Lui, les demoiselles de Rochefort ... Avec un soupçon de Jacques Demy, de Taxi Driver , une peu de Vincente Minnelli et une pincée de Cary Grant. La La land est aussi une réponse cathartique à "Chute Libre" et sa fameuse scène des bouchons sur la route, inspiré lui même de Weekend de Jean-Luc Godard. La liste des références de Chazelle est encore longue mais elle traduit bien sa passion, son amour du cinéma, égale à celle d'un Tarantino, dans un tout autre genre.
La La land est aussi une déclaration d'amour à Los Angeles. Visuellement, il s'inspire, entre autres, des œuvres de David Hockney et ses piscines. Damien Chazelle a d'ailleurs embauché à la production David Wasco qui avait fait de Los Angeles l'autre acteur fondamental de Pulp Fiction. Et sur sa table de chevet, un livre s'est imposé : Los Angeles Stories de Ry Cooder ...
La La Land confirme une autre attente du public : celle pour le rêve et la poésie, pour l'amusement au sens noble, dans un univers cinématographique dominé depuis le début des années 2000 par les super-héros, les anti-héros et les vaisseaux spatiaux. Il est donc possible que mercredi, en achetant votre ticket de cinéma, Ryan Gosling et Emma Stone vous emmènent, le temps d'une chanson, danser parmi les étoiles. Et qu'il représente pour Hollywood un nouvel espoir de redorer les siennes.
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►►► Allez plus loin :
- Ré-écoutez L'heure bleue avec Damien Chazelle du 19 janvier 2017
- Spéciale La La Land dans "On aura tout vu" de Christine Masson et Laurent Delmas