La livraison d'organes ou de sang par drone : pour aujourd'hui ou pour demain ?

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La livraison d'organes ou de sang par drone : pour aujourd'hui ou pour demain ?

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L’hôpital universitaire de Maryland à testé la livraison par drone d'un organe
L’hôpital universitaire de Maryland à testé la livraison par drone d'un organe
- capture d'écran vidéo Université du Maryland

Un essai réussi de livraison d'organe par drone a eu lieu le 19 avril à l'hôpital universitaire du Maryland aux États-Unis. D'une courte durée et bénéficiant d'une autorisation spéciale, ce test ne permet pas d'espérer une généralisation rapide de ce genre de livraison.

Après les colis, la livraison d'organes serait-elle un marché d'avenir pour les drones ? Aller vite pour sauver des vies semble un argument de poids pour ces engins pilotés. C'est du moins l'argument qui a décidé l’hôpital universitaire de Maryland à tester cette livraison. Le drone a décollé d'un parking de Baltimore et parcouru 4, 5 km avec l'organe préservé dans la glace pour atterrir sur le toit de l'hôpital. 

Toutes les routes avaient été coupées le temps de l'expérience

Preuve que les promoteurs de cet essai avaient une confiance limitée dans la sécurité de leur engin. En tous cas en vol urbain. C'est en effet ce qui s'annonce le plus délicat pour le futur. Mais pas impossible. 

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Aujourd’hui utilisés en routine pour des usages professionnels tels que les prises de vues, la surveillance d'ouvrages ou la télémétrie, les drones n'ont pas encore conquis les villes. Et les annonces, séduisantes et nombreuses, n'ont pas été suivies de l'émergence de nouveaux usages généralisés. La raison : pour le milieu urbain, peuplé, les drones sont encore insuffisamment autonomes et sûrs. Tant que le risque de collision avec un obstacle (bâtiment, réverbère, piéton) n'est pas écarté, les autorisations de survol ne seront pas délivrées. Pour autant, les discussions sont très avancées tant au niveau européen qu'international.  

Les règles de vol sont les mêmes pour un avion et pour un drone

À la DGAC, la direction générale de l'aviation civile, on suit de près les progrès des fabricants, leur capacité à doter de nouveaux capteurs et on ne doute pas qu'au vu des progrès rapides, les drones soient amenés à remplir de nouvelles missions dans le futur. Difficile pour autant de dire si la livraison d'organes se fera de façon courante dans 3 à 5 ans comme le prétend le Dr Scalea de l’hôpital universitaire du Maryland. Il y a fort à parier que les usages jugés importants - et sauver des vies humaines semble aller de soi - seront autorisés en priorité par rapport à la livraison d'objets purement commerciaux.

Aujourd'hui, les règles pour autoriser le vol d'un drone sont celles de tout aéronef. Il faut pouvoir voir et éviter. En l'absence de capteurs intelligents et de capacité à analyser leur environnement, les drones ne peuvent se passer d'un pilote qui dirige son engin à vue. D'où la nécessité d'améliorer encore leurs capacités dont la sécurité de la charge.

Dans des zones rurales, les usages sont déjà matures. C'est le cas au Rwanda où le transport de médicaments et de sang se fait de cette manière. En Suisse, deux hôpitaux ont déjà essayé avec succès le transport de poche de sang nécessaires aux transfusions au dessus du Lac de Genève. En France, le seul essai connu date de 2015 avec le CHU de Bordeaux. Il a échoué après que le drone, en passant sous le tablier d'un pont, se soit crashé.