La marque française Sézane s'excuse après une séance photo polémique au Mexique
Par Anna Bonnemasou-Carrere
Des images qui montraient une équipe de Sézane faisant danser une vieille dame de la communauté zapotèque au Mexique ont été vivement critiquées sur les réseaux sociaux. L'enseigne de prêt-à-porter est accusée de renforcer les "stéréotypes racistes".
Un organisme de défense des peuples indigènes qui accuse une enseigne de prêt-à-porter de véhiculer des "stéréotypes racistes". Des accusations "d'appropriation culturelle" qui se multiplient sur les réseaux sociaux. Et la marque qui doit finalement présenter ses excuses. Voici les ingrédients de la polémique internationale provoquée par Sézane à la suite à un tournage au Mexique dans lequel on voit des photographes inciter, sourire en coin, une vieille femme de la communauté zapotèque à danser.
Une vidéo tournée dans la région de Oaxaca
Tout commence le 8 janvier 2022 avec la publication sur Twitter d'une vidéo d'un shooting de l'équipe de la marque Sézane dans les rues de Teotitlàn del Valle, dans la région de Oaxaca au Mexique. Une minute d'image d'une séance photo, durant laquelle les membres de la marque incitent une habitante à danser devant l'objectif. Par mimétisme, cette dame âgée se lève et danse devant eux, pendant qu'un membre de l'équipe continue de danser de l'autre côté de l'objectif.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Cette séance photo a été réalisée pour les besoins d'une séance photo d'une des futures collections de Sézane. Plusieurs utilisateurs de Twitter s'insurgent, dénonçant une exploitation de la communauté locale zapotèque pour les besoins visuels de la marque parisienne. " Encore une marque française @SEZANE_PARIS, qui arrive à #Oxaca pour en profiter frivolement. [...] Il faut les respecter, ce n'est pas un safari. C'est de l'exploitation", réagit un des tweets qui diffuse la vidéo. "Il faut respecter Oaxaca, ce n'est pas un cirque, un safari", écrit un autre utilisateur.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
L'équipe est également accusée d'avoir mis en danger la vieille dame, plusieurs de ses membres ne portant pas le masque dans les rues de Teotitlán del Valle. Actuellement, le Mexique, non épargné par la pandémie de Covid-19, recense plus 23 000 nouvelles contaminations quotidiennes. Enfin, sans qu'on sache d'où vient ce chiffre, plusieurs utilisateurs reprochent à la marque d'avoir payé la dame seulement 200 pesos, l'équivalent de huit euros.
Sézane "renforce les stéréotypes racistes”
Mardi, l’Instituto Nacional de los Pueblos Indígenas (INPI), organisme gouvernemental de défense des peuples indigènes du Mexique, affirme dans un communiqué que "le comportement des représentants de la marque porte atteinte à la dignité des communautés autochtones et renforce les stéréotypes racistes".
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
"Nous allons ouvrir un dialogue avec les autorités de Teotitlán et les personnes lésées pour entreprendre une action en justice, conformément à la loi", est-il écrit dans le communiqué. L'organisme demande aux entreprises étrangères de "cesser d’exploiter les peuples indigènes comme capital culturel". "Ce ne sont pas des objets d’habillement, mais des citoyens de droit qui possèdent un vaste patrimoine culturel", est-il précisé.
Cela fait mauvais genre pour une marque qui se targue d'être le fruit d'"une histoire de femmes et d’hommes qui ont besoin de sens".
Des excuses de la créatrice
De son côté, la fondatrice de la marque, Morgane Sézalory, a publié un communiqué présentant ses excuses. Elle y insiste sur le caractère spontané de sa première rencontre avec la dame filmée, sur l'accord de cette dernière et sa famille pour sa participation à cette séance photo. La créatrice réitère ses excuses auprès de la communauté zapotèque. Dans son communiqué, Sézane s'excuse que son "approche ait pu heurter la communauté locale mexicaine. Et nous sommes sincèrement désolés qu'elle n'ait pas reflété les meilleures intentions pour la communauté locale pour qui nous avons un profond respect."
Contactée par France Inter, la marque affirme que les images diffusées sur Twitter et Instagram montrent une "séance photo", des " photos [...] destinées uniquement au journal backstage de la créatrice". Et que la dame au centre du shooting "avait accepté [...] de participer à la séance photos."
Sur le non port du masque, Sézanne reconnait que "cela était effectivement une erreur" et souhaite présenter ses excuses.
Sur la modique somme qui aurait été versé à la dame, la marque assure que ces images n'ont "aucune vocation commerciale et qu'aucun paiement n’a été effectué par l’équipe Sézane."