La menace terroriste toujours très élevée avant l'ouverture du procès des attentats du 13 novembre
Par Mathilde Vinceneux
Le procès historique des attentats du 13 novembre 2015 s'ouvrira ce mercredi 8 septembre dans un contexte de menace terroriste toujours préoccupante en France. Près de six ans après les attaques à Saint-Denis et à Paris, la surveillance se concentre aussi bien sur le territoire national qu'à l'étranger.
Les services de renseignements français n'ont, à ce jour, pas connaissance d'intentions de passage à l'acte mais le risque d'attentat reste très élevé sur le sol français. L'ouverture du procès des attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts et 1300 blessés au Stade de France, sur les terrasses parisiennes et au Bataclan, pourrait entrainer une agitation chez les mouvances djihadistes, notamment sur la toile. Selon les chiffres communiqués par l'Elysée, 7 735 personnes sont actuellement inscrites au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). Elles sont donc activement suivies. Par ailleurs, 467 condamnés pour terrorisme se trouvent actuellement derrière les barreaux. 703 détenus, incarcérés pour des faits de droit commun, sont également surveillés, car considérés comme radicalisés.
L'Afghanistan dans le radar des services de renseignements
Depuis que l'Etat Islamique a perdu ses territoires en Irak et en Syrie, le risque de voir arriver des commandos terroristes est moins élevé. Néanmoins, les services de renseignements français suivent de près la situation en Afghanistan, le pays étant désormais gouverné par les talibans. Les départs de Français sur place sont jugés "assez peu probables" par l'Elysée. L'éventuel reconstitution de foyers d'Al-Qaïda est en revanche redoutée. La surveillance se concentre aussi sur les flux migratoires, afin d'éviter l'infiltration de candidats au terrorisme parmi les réfugiés. Après les attentats du 13 novembre 2015, la coopération entre les renseignements français et étrangers a d'ailleurs été renforcée, notamment au niveau européen.
Une menace endogène
Pour les services de renseignement, l'enjeu est surtout de repérer les individus isolés, déjà présents sur le territoire national, qui se radicalisent en ayant accès à de la propagande sur internet. Sur les réseaux sociaux, des groupes de conversations privées sont infiltrés et des algorithmes permettent d'analyser les communications afin de repérer d'éventuelles menaces. Les contenus haineux signalés en ligne sont également analysés sept jours sur sept par les policiers et les gendarmes de la Plateforme Pharos (Plateforme d'Harmonisation, d'Analyse, de Recoupement et d'Orientation des Signalements). Les effectifs de ce dispositif ont été gonflées suite à l'assassinat du professeur Samuel Paty, à Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre 2020.
Les services de renseignements ont par ailleurs été l'objet de plusieurs chantiers pour améliorer leur capacité d'action. "En 2015, ils étaient affaiblis par les coupes budgétaires et les baisses d'effectifs liées à la réforme de 2008 sous le mandat de Nicolas Sarkozy. De fait, nous n'avons pas été extrêmement performants", déplore une source à l'Elysée. Des réformes ont donc été menées pour décloisonner ces services et améliorer leur coopération. 1 900 emplois supplémentaires sont prévus dans ce domaine sous le quinquennat d'Emmanuel Macron. Les capacités de captations des communications se sont également développées, notamment via les satellites.