"La Nuit du 12" de Dominik Moll : "une réussite majeure à voir absolument " selon Le Masque

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"La Nuit du 12" de Dominik Moll : "une réussite majeure à voir absolument " selon Le Masque

Bouli Lanners et Bastien Bouillon dans "La Nuit du 12" de Dominik Moll (2022)
Bouli Lanners et Bastien Bouillon dans "La Nuit du 12" de Dominik Moll (2022)
- Haut et Court

Le réalisateur de "Harry, un ami qui vous veut du bien" s'inspire du livre de Pauline Guéna "18.3. Une année à la PJ" pour nous plonger au cœur d'une enquête judiciaire centrée sur un féminicide. Un film très puissant et bouleversant salué à l'unanimité par Le Masque & la Plume.

Le film présenté par Jérôme Garcin

Un film sur ces crimes jamais élucidés qui hantent beaucoup les flics qui ont été chargés de l'enquête. C'est le cas de Yohan (Bastien Bouillon), qui travaille à la PJ de Grenoble, avec Marceau (Bouli Lanners), toujours formidable, et qui tentent de comprendre comment et pourquoi, alors qu'elle rentrait chez elle tard dans la nuit quelque part dans la vallée de la Maurienne, la jeune Clara a été brûlée vive par un type cagoulé.

Dès le début du film, le suspense est levé puisqu'un carton précise que l'assassin n'a jamais été arrêté et que sur 800 enquêtes menées chaque année par la police, 20 % restent totalement irrésolues. Le film déroule l'enquête sans issue avec interrogatoire des proches, de quelques zonards du coin.

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Enquête aussi sur le passé de la jeune Clara, que l'on dit "attirée par les mauvais garçons". Mais plus l'enquête avance, plus elle patine et plus la juge d'instruction (Anouk Grinberg) veut la relancer, moins elle aboutit. La seule vérité, c'est qu'il s'agit d'un féminicide. Clara n'a pas été tuée parce qu'elle avait des relations sexuelles avec de nombreux partenaires, mais parce qu'elle était une femme. Film tiré d'un livre de Pauline Guéna "18.3. Une année à la PJ".

Sophie Avon l'a trouvé absolument magnifique

La journaliste et critique chez Sud-Ouest a été profondément touchée par ce que le cinéaste parvient à exprimer grâce au récit de cette enquête et au-delà, sur le plan sociologique : "Ce film, c'est une épure. Il y a une humanité absolument incroyable. C'est bouleversant et porté par des comédiens formidables, un Bouli Lanners effervescent, qui extériorise les choses, plein de colère et puis un Bastien Bouillon en jeune commissaire, introverti, hanté par l'enquête à laquelle il ne voit pas d'issue.

Le film en arrive à cette chose très contemporaine qu'est la violence faite aux femmes, mais sans jamais surfer dessus. Le film prend en compte cette guerre entre les sexes, mais en dépassant totalement cette espèce de constat sociologique et contemporain. Comme si ce film nous renvoyait toutes et tous à notre culpabilité, à l'envers de notre compassion".

Pour Michel Ciment, c'est l'un des meilleurs films français de l'année

D'ailleurs, il l'a trouvé tellement beau qu'il ne comprend pas son absence en compétition à Cannes. Il a particulièrement été touché par "la mise en scène de tous les interrogatoires, à la fois des témoins et des suspects, passionnants, et d'une sobriété exemplaire. Tout en réussissant à transposer l'action qui se passait dans la région parisienne dans les paysages de montagne. Le rôle de la nature et du paysage est très important dans le film. C'est le meilleur film que Dominik Moll ait réalisé depuis "Harry" dont il n'avait jamais vraiment réussi à retrouver la grâce et la richesse.

Ce film s'inscrit même dans la lignée de ce que Tavernier avait commencé avec "L627" (1992) qui introduisait déjà cette espèce de réalisme du quotidien de la PJ".

Xavier Leherpeur applaudit "une réussite majeure"

Xavier l'a trouvé bouleversant et universel et regrette lui aussi que le film n'ait pas été en compétition à Cannes pour illustrer sa puissance universelle : "À partir d'un fait divers qui s'est vraiment déroulé, le film réussit à trouver systématiquement à chaque séquence la quintessence dans leur chronologie et leur articulation. Des séquences en temps réel, grâce à ses silences, ses moments de suspension, sans ellipses, qui font vraiment ressentir le temps douloureux passé pour les victimes, les policiers qui n'arrivent pas à trouver ce qu'il s'est passé. Ils luttent contre cette inertie du temps de l'enquête qui passe et contre lequel ils ne peuvent rien".

Pour Ava Cahen, c'est "un film qu'il faut absolument aller voir !"

C'est un film qui a un ton et un style singulier, avec un discours salutaire implacable. On a envie de penser au "Zodiac" de David Fincher dans ce caractère irrésolu, cette psychologie des protagonistes de l'enquête. Et, plus globalement, ce que ce fait divers raconte du rapport de la société aux femmes, car ce qui est aussi mis en accusation, c'est le patriarcat, la misogynie ordinaire autant que criminelle, la barbarie des hommes.

Tout tourbillonne, c'est un film très puissant, bouleversant qu'il faut absolument aller voir !"

Le film

🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :

"La Nuit du 12" de Dominik Moll

8 min

🎧 Chaque dimanche à 20h, retrouvez  les critiques du Masque et la Plume , réunis autour de Jérôme Garcin, pour parler cinéma, littérature ou théâtre.