La pilule contraceptive est-elle dangereuse pour la santé ?

On sait que la pilule entraîne nausées, acné, migraines, baisse de la libido… mais on lui impute aussi, pour certaines femmes, cancers et AVC. Alors, faut-il arrêter la pilule ?
Dans son émission Grand bien vous fasse, Ali Rebeihi invitait à débattre des défenseurs et détracteurs de la pilule contraceptive. Flore, auditrice de l'émission, témoigne au téléphone :
C'était de notoriété publique : la pilule et la cigarette ne font pas bon ménage… Mais de là à penser que j'allais finir en soins intensifs et en cardiologie, c'était une autre histoire.
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Flore témoigne : elle prenait la pilule "Diane 35" depuis ses 16 ans ; elle a fait une embollie pulmonaire à 27 ans.
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Sabrina Debusquat, journaliste auteur de J’arrête la pilule, a enquêté pendant un an sur le sujet en allant à la rencontre de chercheurs. Son ouvrage est assez controversé : Martin Winckler, qui devait le préfacer a préféré se retirer du projet car il lui reprochait un manque d'objectivité (dans Causette, il expliquait : "Sabrina Debusquat a choisi ce qu'elle retient comme vrai et ce qu'elle écarte comme faux mais pas de manière identiquement rigoureuse pour tout").
Joël Spiroux, le médecin généraliste qui l'a remplacé pour faire cette préface, explique :
Lorsque j'ose dire que la pilule est un perturbateur endocrinien, mes consœurs et mes confrères me tombent dessus en me disant : "Tu n'as pas le droit de dire ça".
Il précise même : "L'ethinylestradiol (l'œstrogène actif qu'on retrouve dans presque toutes les pilules contraceptives) est bien plus perturbateur endocrinien et "plus toxique" que le bisphénol A !"
Ce qu'il regrette véritablement, c'est le manque d'information des femmes qui utilisent ce mode de contraception : "Mon rôle en tant que médecin, c'est de dire : "Voilà les risques" ; après, chacun fait son choix. Quand on dit que la pilule est dangereuse, ça ne veut pas dire qu'il faut l'arrêter, ça veut dire que chacun prend ses décisions. Fumer tue, mais il y a de nombreuses personnes qui continuent à fumer".
Flore est elle aussi inquiète du manque d'information qu'elle constate chez les jeunes filles qu'elle voit aujourd'hui commencer la pilule :
Ce qui m'alerte, c'est surtout [...] cette légèreté à la prescription, comme si on prenait des pastilles pour la gorge.
Flore témoigne : "Ce qui m'alerte, c'est surtout cette légèreté à la prescription comme si on prenait des pastilles pour la gorge"
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Quelles alternatives à la pilule ?
La pilule est loin d'être l'unique solution contraceptive... Odile Buisson estime qu'aujourd'hui, d'ailleurs, c'est le stérilet en cuivre qu'on propose en première intention aux jeunes filles : "L'ennui, c'est que ça fait saigner et ça fait mal. Aller au boulot ou aller faire une copie de maths quand on a des crampes, c'est une perte de chance vis-à-vis des garçons. Souvent, le silence du corps, c'est quelque chose de très important pour pouvoir réfléchir, vivre , aimer, s'épanouir dans la vie."
Il existe de nombreuses options, en matière de contraception : l'implant, l'anneau vaginal, le diaphragme, le préservatif masculin, mais aussi féminin... Chacun avec une efficacité, un coût, des effets secondaires variables ( toutes les options sont listées sur ce site assez complet)
Rappelons que la contraception n'est pas qu'une affaire de femme... et qu'il existe des contraceptifs masculins. François, auditeur de France Inter, a choisi de faire une vasectomie, il témoigne :
On a décidé que ce serait moi qui prendrait la chose
François a fait une vasectomie
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Les méthodes naturelles
Il existe aussi des méthodes naturelles... Elisabeth a utilisé toute sa vie (ou presque) la méthode ogino, elle explique pourquoi :
À 17 ans, j'ai commencé à prendre la pilule pendant six mois et quand j'ai vu les effets sur mon corps , j'ai décidé d'arrêter.
Elisabeth a toujours utilisé la méthode Ogino, elle témoigne au micro d'Ali Rebeihi
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Une méthode naturelle, certes, mais qui n'est pas très efficace si elle n'est pas appliqué correctement, comme le rappelle Alice Perraudin : "ça demande une bonne connaissance de son corps et aussi un dialogue avec son partenaire" (sans quoi on se retrouve avec un "bébé Ogino" dans les bras)
Le principe des méthodes de contraception dites naturelles, c'est d'examiner son corps pour comprendre son cycle. Le but est d'éviter les rapports sexuels non protégés pendant la période de fécondité. Ces méthodes-là aussi ont leurs avantages et leurs défauts.
Avantages :
- elles sont écologiques,
- elles ne coûtent rien,
- elles sont douces pour le corps.
Inconvénients :
- elles ne sont pas toujours faciles à mettre en oeuvre,
- elles nécessitent parfois une auto discipline de fer,
- elles ont une efficacité limitée (même si la méthode de symptothermie est par exemple beaucoup plus efficace que la méthode ogino)
En conclusion : il y a pas de contraception idéale, chaque couple doit choisir la contraception qui lui convient
Un troisième vague contraceptive
Néanmoins, ce débat autour de la dangerosité de la pilule est intéressant parce qu'il montre peut-être que des femmes qui ont aujourd'hui 50 ans étaient prêtes à prendre un sur-risque en prenant la pilule... Et aujourd'hui, les jeunes femmes ne veulent plus de ce sur-risque, même quand elles le connaissent. Aujourd'hui, il y a une nouvelle génération de femmes qui ne veut plus de ces effets secondaires.
Comme le résume Sabrina Debusquat :
On veut la même efficacité mais vous savez quoi ? Sans aucun risque pour la santé, sans roulette russe du cancer, sans effet secondaire... Et on va y arriver !
Aller plus loin
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Grand bien vous fasse, présenté par Ali Rebeihi, du lundi à vendredi à 10h sur France Inter
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