"La santé psychique de nos jeunes ne peut plus attendre" : le cri d’alarme d’une pédopsychiatre

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"La santé psychique de nos jeunes ne peut plus attendre" : le cri d’alarme d’une pédopsychiatre

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La prise en charge des adolescents menacée par le manque de moyens
La prise en charge des adolescents menacée par le manque de moyens
© Getty - Richard Clark

Alors que le mal-être des adolescents n’a jamais été aussi profond, la cheffe de service de la Maison de Solenn (Maison des adolescents de l’hôpital Cochin) prend la parole et lance un appel à donner plus de moyens à la prise en charge psychiatrique des futurs adultes.

Marie-Rose Moro est pédopsychiatre, professeure à l’université de Paris. Invitée de l’émission "Un monde nouveau", elle a lancé au micro de Sonia Chironi un appel à mieux financer la pédopsychiatrie.

Marie-Rose Moro : "Nous avons toujours des taux extrêmement élevés de souffrance exprimée par les adolescents et les services de pédopsychiatrie n'ont pas les moyens qu'ils devraient avoir.

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J'ai du mal à comprendre. Il y a eu une vraie prise de conscience de la société sur l'importance des soins psychiques à nos adolescents. Les gens ont compris que c'était une question médicale, sociétale, politique. Mais il n'y a pas de transformation radicale.

Il faudrait des moyens pluridisciplinaires au service de tous ceux qui travaillent avec des adolescents et leurs familles, comme de la formation… Mais aussi donner des moyens pour de la supervision… Toute une série de choses qui n’existent pas pour la pédopsychiatrie. Et pourtant, quand on soigne un jeune, on le soulage aujourd'hui, mais on donne des soins aussi à l'adulte qu'il va devenir.

Nous avons un système en pédopsychiatrie théoriquement assez bon

Il y a toujours un centre de soins proche de chez soi. Par ailleurs, il existe des services spécialisés qui viennent se surajouter, mais l'ensemble est totalement saturé.

Et si un adolescent exprime une idée suicidaire, s'il n'est pas pris en charge correctement tout de suite, son malaise va s'aggraver. Et cela va peut-être se terminer par une hospitalisation alors qu'on aurait pu faire autrement en travaillant en amont.

Nous savons ce qu’il faut faire parce que nous avons des rapports d'experts qui se sont penchés sur ce qu'il faudrait faire. Ces dernières années, nous avons fait des progrès fantastiques sur les troubles du comportement alimentaire, sur la prise en charge individuelle, et familiale, sur le suicide, ou sur le mal-être des populations vulnérables comme les enfants de migrants. Nous avons progressé. Nous avons des protocoles, des manières de faire, mais on n'a pas les moyens, le temps, essentiellement du temps humain, c'est-à-dire de personnes capables de mettre en œuvre ce qu’on sait faire sans attendre. Parce que la santé psychologique et la santé psychiatrique de nos enfants, et de nos adolescents, ne peuvent plus attendre."

ECOUTER | Un monde nouveau sur le mal-être des adolescents