La société civile au gouvernement, une vieille recette à réussite variable

Chef d'entreprise, juriste, journaliste...Ils ont tenté leur chance en politique avec plus ou moins de succès. Retour sur quelques exemples.
Quand ça marche les citoyens deviennent parfois des politiques au long cours
Trois exemples de membres de la société civile qui ont perduré en politique.
Bernard Kouchner, fondateur de Médecins sans frontières et de Médecins du monde a été happé par la politique à partir de 1986. Il a été plusieurs fois secrétaire d'État et ministre (Action humanitaire, Santé) au sein des gouvernements socialistes de Michel Rocard, Édith Cresson, Pierre Bérégovoy et Lionel Jospin.
D'abord haut fonctionnaire dans l’administration pénitentiaire après la guerre, Simone Veil a été nommée ministre de la Santé, en mai 1974. Après quoi, elle est devenue parlementaire à Bruxelles en 1979 puis est redevenue ministre ou parlementaire. Elle a traversé les alternances politiques en imposant ses convictions, son autorité et sa droiture.

Après avoir appelé à voter François Mitterrand en 1974, Françoise Giroud milite au sein du Parti radical pour la modernisation sociale promise par Valéry Giscard d'Estaing et devient secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée de la Condition féminine. Elle lance « cent une mesures » en faveur des femmes . Elle a ensuite été secrétaire d'État à la Culture jusqu'en mars 1977. Elle avait eu auparavant un parcours qui l'a amené du cinéma au journalisme.

Alain Bombard, l'homme qui a listé toutes les façons de survivre en mer, a eu une carrière politique à partir de 1975. Nommé conseiller à l'environnement au Parti socialiste, il a été conseiller général dans le Var de 1979 à 1985, puis secrétaire d'État auprès du ministre de l'Environnement dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy, avant de devenir député européen.
Quand le ministère est un tremplin pour la suite
Christine Lagarde, issue du cabinet d'avocat d'affaires américain Baker McKenzie a été ministre déléguée au Commerce extérieur, ministre de l’Agriculture, puis de l’Economie dans les équipes de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. Ensuite, elle est devenue une directrice générale du Fonds Monétaire International depuis 2011.
Claudie Haigneré est la première femme française dans l'espace et première spationaute au sommet de l'Etat. Entrée dans les gouvernements Raffarin, elle a occupé les fonctions de ministre déléguée à la Recherche et aux Nouvelles technologies et de ministre déléguée aux Affaires européennes. Elle est ensuite retournée à la société civile, en tant que présidente d'Universcience entre 2010 et 2015 et désormais comme ambassadrice et conseillère auprès du directeur général de l'ESA.

Des expériences peu probantes
Le docteur Léon Schwartzenberg cancérologue, a été ministre délégué à la santé pendant 9 jours en 1988 dans le gouvernement Rocard. Personne n'a fait plus court à ce poste-là ! Il a été contraint à la démission parce qu'il a proposé un dépistage systématique du sida chez les femmes enceintes et s'était prononcé en faveur de la légalisation, de la mise en vente libre du cannabis, sous le contrôle de l'État.
Bernard Tapie, à la même époque, s'est lancé en politique lors de législatives sous l'étiquette « Majorité présidentielle » à Marseille en 1988. C'était juste après avoir repris Adidas, et juste avant de devenir ministre de la Ville. Il a été imposé comme tel par François Mitterrand à Pierre Bérégovoy. Sa carrière politique s'étend de 1988 à 1993, ponctué par un débat historique avec Jean-Marie Le Pen, après le reste de sa vie publique est devenu un feuilleton judiciaire.
Francis Mer, ministre l'Économie, des Finances et de l'Industrie de 2002 à 2004. C’est Nicolas Sarkozy qui l’a remplacé. Il a ensuite lancé un think tank sur la gestion des entreprises, la Fondation Condorcet - Paris Dauphine.
Bernard Laporte : secrétaire d'État chargé des Sports sous Sarkozy à partir de 2007, nomination sans cesse contesté et l’aventure s’est terminée en juin 2009.
Toujours dans la catégorie des professionnels qui se sont montrés peu à l'aise dans la cabine de pilotage de la France, il y a aussi Luc Ferry, ancien ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche dans les gouvernements I et II de Jean-Pierre Raffarin. Le professeur de philosophie et essayiste s'est vu réclamé ensuite par son université le nombre d'heures de cours statutaire pour lequel elle le payait. C'est Matignon qui finira par payer l'addition. Luc Ferry a pris sa retraite de l’enseignement officiellement en 2011, mais il a passé le plus clair de son temps à occuper des fonctions institutionnelles, notamment au sein du Comité de réflexion sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions et du Comité consultatif national d'éthique par Nicolas Sarkozy.