La société française est plus tolérante, mais les préjugés racistes sont toujours présents, selon la CNCDH
Par La rédaction numérique de France Inter
Les préjugés racistes ont la vie dure et certaines communautés sont toujours stigmatisées, selon le rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) rendu public ce lundi.
La CNCDH a rendu public son rapport annuel sur l'état des lieux du racisme en France, lundi 18 juillet. D'après ce document, la société française est de plus en plus tolérante : opinions discriminantes en baisse, attitudes racistes clairement condamnées... Mais pas de quoi se reposer sur ses lauriers pour autant : selon le rapport, les préjugés racistes sont toujours présents, notamment envers la communauté rom. Le président de l'institution, Jean-Marie Burguburu, rappelle "l'importance de l'éducation" dans la lutte contre les discriminations.
Depuis 2008, la CNCDH calcule le niveau de tolérance de la société envers les minorités, au moyen d'un "indice de tolérance". En 2022, la France atteint le score de 68 points sur une échelle de 100, un record pour Magali Lafourcade, secrétaire générale de l'institution, qui déclare : "La tolérance n'a jamais été aussi élevée dans notre pays".
Certaines minorités encore visées
Un progrès qui doit cependant être fortement nuancé, car si la tolérance a atteint un niveau inédit, elle ne s'applique pas à toutes les minorités, comme le rappelle la CNCDH. Les préjugés contre les musulmans sont tenaces : 38% des Français considèrent que "l'Islam est une menace contre l'identité de la France" (contre 44,7% en 2019).
La CNCDH alerte également sur la situation de la communauté rom, visée par "une forme de racisme décomplexée qui ne décroit pas en France". En effet, elle est la minorité la moins bien tolérée en France, avec seulement 52 points sur 100, et 45 % des Français pensent que les Roms vivent essentiellement de vols et de trafics, contre 48,2 % en 2019.
Le "chiffre noir"
Les actes de discriminations sont bien présents. Selon le rapport de la CNCDH, environ 1,2 million de personnes seraient victimes chaque année d'au moins une agression à caractère raciste. Un chiffre qui tranche avec le nombre de condamnations prononcées pour ce type d'infraction : moins de 1 000 par an. "On voit qu'il y a une faillite des institutions pour rendre compte de la criminalité réelle", estime Magali Lafourcade, secrétaire générale de la CNCDH.
De plus, très peu de victimes portent plainte, par honte, par peur des représailles, ou par défiance vis-à-vis de la police. Un engrenage que Magali Lafourcade espère combattre : "S'il y a beaucoup de plaintes, beaucoup de poursuites pénales et beaucoup de condamnations, on peut espérer que le phénomène recule".
Les recommandations de la CNCDH
Pour faire face à ces chiffres qui demeurent inquiétants, la CNCDH a établi douze recommandations "prioritaires", pour continuer à lutter contre les discriminations. Elle préconise par exemple de renforcer l'usage de dispositifs de pré-plaintes ou de plaintes en ligne.
Parmi les autres mesures, une meilleure formation de l'ensemble du personnel scolaire, ou encore l'éducation à la citoyenneté numérique, considérée comme "un élément essentiel de la lutte contre la haine en ligne". La Commission recommande également un investissement humain et financier du gouvernement pour lutter contre l'antitsiganisme et un engagement de ce dernier pour " faire évoluer le regard et les pratiques vis-à-vis des populations roms ".