La tristesse d'Abdelkader Merah

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La tristesse d'Abdelkader Merah

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Face aux familles des victimes, Abdelkader Merah a dit éprouver des regrets pour les actes de son frère.
Face aux familles des victimes, Abdelkader Merah a dit éprouver des regrets pour les actes de son frère.
© AFP - Benoit PEYRUCQ

8e jour du procès Merah. Pour la première fois, Abdelkader Merah, a exprimé mardi des regrets pour les tueries commises par son frère Mohamed. Sans convaincre les parties civiles.

Cela fait presqu’une heure qu’Abdelkader Merah écoute Yacov Soussan, rescapé de l’école Ozar Hatorah, raconter l’horreur, les tirs précis de Mohamed Merah sur Jonathan Sandler et ses deux petits garçons de trois et cinq ans, Gabriel et Arieh, et ces balles qui transpercent Myriam Monsonego, la fille du directeur, qui s'était baissée pour ramasser son sac, paniquée. Le témoignage est poignant. La grande salle d'assises est plongée dans un silence ému. Un avocat de victimes se lève, soudain, face au box des accusés, et demande droit dans les yeux, à Abdelkader Merah : "Est-ce que vous éprouvez de la honte ?"

Abdelkader Merah se lève lentement et peine à trouver les premiers mots

Il enlève ses lunettes, les pose, demande qu'on lui répète la question, avant de déclarer : "Ce que mon cœur ressent, c’est pas de la honte, c'est de la tristesse, de la compassion. Je ne m'adresse pas à la cour, pas aux journalistes, je m'adresse à M. Soussan, on croit au même Dieu, au même prophète, on est frères de religion. Je suis sincèrement désolé. Et je le répète, je le dis pas par rapport au président de la cour. Entre croyants et croyants, je suis sincèrement désolé de ce qui est arrivé."

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Abdelkader Merah hésite en prononçant ses phrases les questions sont insistantes. Il finit par dire : "Je condamne les actes de mon frère." Il parle d'un "cocktail de tristesse et de honte."

Samuel Sandler, père et grand-père de trois victimes, ne croit pas vraiment à la sincérité d'Abdelkader Merah. "Il a hésité, c'était vraiment pas spontané, ça ne venait pas du cœur", estime-t-il. Naoufal Ibn Ziaten, frère d'Imad, le premier militaire tué par Mohamed Merah, ne croit pas davantage à ces regrets, d’Abdelkader Merah. "C'est du mensonge", dit-il, affirmant que derrière la vitre blindée de son box, Abdelkader Merah ne fait rien d'autre que fixer les familles avec un "regard froid et déterminé".

Et ce qui a le plus choqué les familles de victimes mardi, c'est qu’Abdelkader Merah compare la sœur de Mohamed Legouad, à sa propre sœur, la mère de ce soldat tué, à sa propre mère. Le procès reprend ce mercredi matin, avec l'audition d'autres témoins de la tuerie de l'école juive Ozar Hatorah.