Le Cameroun a un objectif, planter deux millions d'arbres par an pour lutter contre la déforestation. La deuxième plus grande forêt du monde après l'Amazonie sait qu'elle a un rôle à jouer sur la scène mondiale, mais pas question que ce soit au détriment de l'agriculture et du développement.
Episode 1 : Une école pour protéger la forêt au lieu de la détruire
Pour la protéger, il faut déjà apprendre à préserver les arbres, pour cela l'école nationale des eaux et forêts se réforme, elle devient une école de préservation de la forêt.
Cette école se situe à Mbalmayo, au sud de la capitale Yaoundé et dans cette école il n'y a pas seulement des salles de classe mais surtout une grande forêt avec une centaine d'espèces d'arbres, une pépinière, des essences différentes.
L'école en question qui forme 250 étudiants chaque année change de dogme, elle veut apprendre aux jeunes à protéger les arbres au lieu de les détruire ! C'est un virage à 180 degrés, elle ne veut plus être simplement une école de bûcherons qui prépare les hommes à couper les arbres pour vendre et exporter du bois dans le monde entier, aujourd'hui c'est une école de protection de la forêt, et elle prépare les jeunes à de nouveaux métiers : pépiniéristes, prospecteurs de nouveaux arbres, analystes d'images satellites, calculateurs de CO2 pour savoir ce que la forêt peut stocker comme carbone, surveillance du territoire. Une véritable révolution qui en dit long sur cette transition climatique que vit le pays.
30% des élèves sont des jeunes femmes, des futures gardiennes de leur forêt, mais ce n'est pas toujours facile de trouver du travail au Cameroun. Il y a à peine plus de 50% d'insertion, elles multiplient donc souvent les petits boulots en attendant un meilleur poste. La reconversion de l'école prépare l'avenir du pays, même si l'industrie du bois reste très juteuse, et demeure un des secteurs clés au Cameroun.
Une école pour protéger la forêt au lieu de la détruire
4 min
Episode 2 : Sur les hauts plateaux de l'ouest, des maires se battent pour reboiser
Dans certaines communes de l'ouest du pays, ce sont les maires qui prennent les choses en main. Ils choisissent de replanter des arbres par milliers pour protéger cette forêt immense du bassin du Congo.
C'est un véritable défi, car il faut planter, surveiller ces arbres pendant des années, et convaincre les agriculteurs et les éleveurs de ne pas défricher.
A Tonga et Bangangté, sur les hauts plateaux de l'ouest du Cameroun, la terre est rouge, volcanique, les montagnes sont vertes, la forêt est encore assez préservée mais elle est taillée tout de même par endroits, les villageois coupent du bois pour se chauffer, pour cultiver leurs champs.
Les éleveurs nomades, des Peuls, se déplacent avec leurs troupeaux et défrichent parfois, pour laisser passer leurs bêtes et les nourrir. Mais à Bangangté, c'est différent, les maires essaient de réconcilier tout le monde, pour le bien des arbres et du climat ce qui en devient presque un sacerdoce.
Sur les hauts plateaux de l'ouest, des maires se battent pour reboiser
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Les agriculteurs et les éleveurs peuvent-ils vivre sans détruire la forêt ?
Si les agriculteurs ont suffisamment pour vivre, ils n’abattront pas les arbres.
Idem pour les éleveurs peuls, si les maires des communes mettent des pâturages à disposition de ces peuples nomades, ils n'auront plus besoin de défricher.
Mais c'est un investissement pour les maires et à Bangangté, 500 personnes sont mobilisées pour planter 200 000 arbres. Les communes sont aidées financièrement par des bailleurs de fonds comme l'agence française de développement et elles ont besoin de plus d'aide.
Finalement, certains Etats peuvent se targuer sur la scène internationale de planter des millions d'arbres pour sauver la planète, mais cela prend du temps et en attendant, la déforestation massive continue de ravager ce joyau camerounais.