Le Conseil national du PS-A
Ayrault exfiltré, Moscovici visé, le Conseil national du PS a été perturbé par la visite des salariés en colère de PSA-Aulnay. La crise s'invite au PS alors que l'atmosphère est déjà alourdie par l'affaire Cahuzac.
Plusieurs dizaines d'employés de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ont interrompu brièvement le Conseil national du PS, qui se tient à Paris, pour protester contre la fermeture du site et dénoncer la "trahison" du gouvernement dans le dossier.
Les salariés de l'usine, dont la fermeture est prévue en 2014, sont montés sur la tribune peu après le discours du Premier ministre Jean-Marc Ayrault et ont été invités à prendre la parole par le premier secrétaire du PS Harlem Désir. Le délégué CGT Jean-Pierre Mercier a fait référence à l'ancien ministre du Budget Jérôme Cahuzac.
Avec Cahuzac, vous avez eu le sentiment de vous faire trahir, on peut témoigner nous ici à PSA Aulnay qu'un très grand nombre de salariés se sont sentis trahis parce que le gouvernement n'intervenait pas de leur côté dans le dossier de PSA Aulnay. Ce sentiment de trahison, on est en train de le partager de chaque côté, il faut que ça s'arrête. Si on est seuls devant les patrons, devant les employeurs, forcément au nombre qu'on est, c'est peut-être eux qui vont remporter la manche mais on le paiera tous parce que c'est un boulevard qui est offert pour le Front national.
La salle a applaudi, le slogan "Le changement c'est maintenant" a été scandé par les autres salariés.
"Le gouvernement, le ministère du travail doivent absolument prendre leurs responsabilités dans le dossier de PSA Aulnay", a estimé Jean-Pierre Mercier. "La solution, elle est d'intervenir politiquement, de mettre tout son poids dans le dossier PSA Aulnay pour que Peugeot entende raison parce que ce n'est pas à Peugeot de faire sa loi."
Sur place, Nasser Madji
Madji au congrès du PS
3 min
Le 18 mars, quatre des six organisations syndicales de PSA (FO, CFTC, CGC et SIA - Syndicat indépendant de l'automobile) ont apporté leur soutien à un plan de restructuration et de réduction d'effectifs qui prévoit 8.000 suppressions de postes et la fermeture en 2014 de l'usine d'Aulnay.
Le dernier comité central d'entreprise avant l'entrée en vigueur du plan social est programmé le 19 avril. La veille, la justice aura dit si elle lève ou non la suspension imposée à la restructuration.
Les réactions
Pour le député de la gauche du PS Jérôme Guedj :
J'ai vécu ça comme une piqûre de rappel salutaire. Il y a une violence sociale, le rôle du PS c'est d'être aux côtés des salariés.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, proche de François Hollande, n'a pas vu dans cette action le signe qu'un fossé se soit creusé entre l'exécutif et sa base électorale :
Je vois la difficulté, je vois la colère. Mais ce qui m'a frappé, c'est que leur demande est celle de la médiation, du dialogue.
Pour le député Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry, la venue des salariés de PSA, qui ont déjoué les services de sécurité, montre qu'ils considèrent le Parti socialiste comme "une bouée de sauvetage".
Le PS n'en traverse pas moins des turbulences, la contestation de la politique d'austérité imposée aux yeux de l'aile gauche par Bruxelles allant grandissant.
Après trois ministres, trente députés réunis au sein d'un nouveau courant, Gauche populaire, ont lancé vendredi un appel "contre l'austérité qui conduit aux populismes", réclamant une confrontation avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Les réactions des socialistes avec Nasser Madji
Conseil national
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On garde le cap

Devant les militants, Jean-Marc Ayrault a rejeté comme l'avait fait déjà fait mercredi François Hollande tout changement de cap économique ou budgétaire au nom d'une gauche réaliste qui ne veut pas subir le joug des marchés financiers.
Pour Emmanuel Maurel, l'un des leaders de la gauche du PS, "le Premier ministre a tenté de renouer avec le souffle de l'esprit du Bourget", lorsque le chef de l'Etat, alors en campagne électorale, avait désigné le monde de la finance comme son principal adversaire.
Le Premier ministre a répété que la détention par l'ex-ministre du Budget Jérôme Cahuzac d'un compte occulte en Suisse était la faute d'un seul homme et que lui-même avait cru jusqu'au bout qu'il s'agissait d'une "rumeur sans fondement".
Il a également rejeté les critiques portées en particulier par le président PS de l'Assemblée nationale Claude Bartolone sur la transparence des parlementaires annoncée par l'exécutif pour moraliser la vie publique.
J'entends dire que la publication des patrimoines aurait pour conséquence la montée du populisme. Je crois tout l'inverse.
Jean-Marc Ayrault, qui avait dès son arrivée appelé la droite à ne "pas tomber dans la radicalisation" après une manifestation violente vendredi soir contre le mariage homosexuel, a pris pour cible le président de l'UMP Jean-François Copé et à l'ex-Premier ministre François Fillon.
"Il n'y a pas de grande démocratie au monde pour accepter que le président d'un groupe ou d'un parti puisse cumuler cette mission avec celle d'avocat d'affaires", a-t-il dit. "Il n'y a pas de grande démocratie pour tolérer qu'un ancien Premier ministre tout juste redevenu parlementaire offre ses services comme consultant pour des intérêts privés."
Pour le Premier ministre, la droite n'a pas envie de progresser en matière de moralisation de la vie publique et "préfère détourner l'attention."
En réponse aux hebdomadaires mettant en avant la "faiblesse" ou l'impuissance de l'exécutif, le Premier ministre a répondu : "J'entends dire que le Président de la République ou le gouvernement feraient preuve de faiblesse."
"Mais quel est ce pouvoir si faible qui s'affronte au pouvoir de l'argent en imposant (...) le même barème d'impôt pour les revenus du capital et ceux du travail ? Quel est ce pouvoir si faible qui tient tête aux puissants en limitant leurs rémunérations indécentes ?"