Le "coup de froid" aurait finalement un fondement scientifique, selon une étude américaine
Par Kevin Dufreche
Une récente étude américaine fait le lien entre le froid et notre vulnérabilité face aux virus respiratoires. Les températures basses affaiblissent les vésicules extracellulaires, qui sont les premières barrières de notre système immunitaire.
"Couvre-toi, tu vas attraper froid" : voilà une phrase que nous avons tous entendue dans la bouche de nos parents ou de nos grands-parents. Jusqu'ici le "coup de froid" n'avait rien de scientifique. Mais une étude publiée le 6 décembre dans la revue médicale américaine "The Journal of Allergy and Clinical Immunology", écrite par six scientifiques dont la plupart dépendent de l'école médicale d'Harvard, tend à donner à l'expression populaire un premier fondement scientifique.
Le froid a un effet sur le système immunitaire
On savait déjà que les virus respiratoires responsables des rhumes, de la grippe ou des désormais fameux coronavirus, appréciaient l'hiver pour leur froid sec - et que le fait que nous passions le plus clair de notre temps en cette saison à l'intérieur, fenêtres fermées, favorise leur transmission. Mais "c'est vraiment la première fois qu'on voit une étude qui montre clairement l'influence de la température sur la défense de notre système immunitaire", affirme Yannick Simonin, virologiste à l'université de Montpellier et à l'Inserm.
L'explication ? Les vésicules extracellulaires, présentes particulièrement dans notre nez : "Cette étude montre que lorsque nous sommes exposés à des virus respiratoires, on émet des petites particules que l'on appelle des vésicules extracellulaires. Elles vont reconnaitre les virus et vont les inhiber, les empêcher de se multiplier dans notre organisme", détaille le scientifique. "Et ce qui est intéressant dans cette étude, c'est qu'elle montre que lorsque les températures baissent, on en produit moins et des moins efficaces"
Pour en arriver à ce résultat, les scientifiques ont divisé des muqueuses nasales prélevées sur des volontaires, en deux groupes : le premier cultivé à 37°C, la température normale du corps et l'autre à 32°C. Ces températures ont été choisies à partir de tests montrant que la température à l'intérieur du nez chute d'environ 5°C lorsque l'air extérieur passe de 23°C à 4°C.
Vers un traitement contre les rhumes ?
"Derrière l'expression "prendre un coup de froid" on a toujours eu des difficultés à identifier un mécanisme responsable de ce phénomène", détaille Yannick Simonin, mais cette découverte change les choses. "Maintenant, on pourrait dire qu'avoir un coup de froid peut contribuer à nous fragiliser vis-à-vis de virus respiratoires, comme les rhumes par exemple." Mais le virologiste insiste, cette étude reste un premier pas. Il reste à savoir à quel point le rôle de ces vésicules est important "dans la vraie vie" et sur quels virus, avant d'imaginer un éventuel traitement contre ces virus respiratoires.