Le coup de gueule d'un infectiologue : "C'est un confinement complètement light, je suis consterné"
Par Danielle Messager"Je ne sais pas ce que font tous ces gens, je ne pense pas qu’ils soient tous dans des professions essentielles", déplore Gilles Pialoux, face aux embouteillages et à l'afflux dans les transports en commun. L'infectiologue alerte sur la gravité de la deuxième vague de Covid-19.
Les Français n'auraient-ils pas pris la mesure de la gravité de la deuxième vague de l'épidémie de Covid-19 ? Certains médecins ne cachent pas leur inquiétude, face à un reconfinement qu'ils estiment pris à la légère. C'est le cas de Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon à Paris : "Je suis consterné", lâche-t-il, interrogé par France Inter. "C’est un confinement complètement light. Je voyais des bouchons comme j’en vois rarement dans l’année. Je sais qu’il y a aussi beaucoup de monde dans le RER."
"Qu’est-ce qu’on a ? On a les gens qui s’opposent au confinement, un mouvement de colère sociale, que je comprends, mais qui est complètement disproportionné avec la façon dont ce confinement est appliqué", déplore l'infectiologue.
"Je ne sais pas ce que font tous ces gens"
"C’est consternant et je ne sais pas ce que font tous ces gens. Je ne pense pas qu’ils soient tous dans des professions essentielles", juge-t-il en outre, en estimant que "les Français n’ont pas compris", ou qu'on leur a "surtout mal expliqué."
Pour souligner la gravité de la crise sanitaire, Gilles Pialoux étaye : "On est dans une situation en Île-de-France aujourd’hui où 80% des capacités de réanimation sont atteintes. Le 20% va être atteint dans la semaine ou les 10 jours qui viennent."
Une situation encore plus préoccupante que lors du premier confinement
Il s'agit donc d' "expliquer aux Français qu’on est parti de plus haut qu’au premier confinement", poursuit-il : "En hospitalisation, au premier confinement, il y avait 2 972 malades. Quand on a reconfiné, il y en avait 21 000." Gilles Pialoux souligne aussi la situation alarmante dans les services de réanimation : "En réanimation, au premier confinement, on était à 771 malades. Là, on est reconfiné à 3 147 malades dans les réanimations."
Le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon résume : "On est parti de plus loin, avec des mesures sur le terrain apparaissant beaucoup plus light et moins appliquées". Et conclut : "On n’y arrivera pas comme ça."