
Après avoir failli disparaître, la loutre d'Europe est de retour, grâce aux efforts du parc naturel régional et de l'Office de la biodiversité. Une bonne nouvelle pour l'environnement et pour d'autres espèces menacées.
Voici une bonne nouvelle et elles sont assez rares dans ce domaine pour être soulignées. Autrefois chassée et quasiment disparue, la loutre d'Europe colonise à nouveau les rivières du Marais poitevin. Et ce grâce aux efforts de préservation de l'espèce.
Repérer leurs traces
Même dans la Baie de l'Aiguillon, tout près de l'Atlantique, entre marais et prés salés, les loutres montrent à nouveau le bout de leur museau. Mais ces animaux nocturnes ne se laissent pas approcher facilement. Pour repérer leurs traces, il faut plutôt chercher le jour, sous les ponts, près des écluses, des empreintes avec les griffes, ou des épreintes, leurs excréments, facilement visibles à l’œil nu, tout comme certains restes de repas, essentiellement constitués de petits bouts ou arrêtes de poissons.
En mode trappeur,Xavier Baron, référent pour les loutres au Parc naturel régional du Marais Poitevin, réalise en ce moment une cartographie précise de la présence des loutres. Il arpente chaque jour avec son stagiaire un petit carré de territoire, à la recherche de crottes ou d'empreintes, pour finaliser ce bilan qui a lieu tous les trois ans. Pour cela, il met les bottes et passe sous les ponts, un endroit privilégié des loutres. "Tenez, il y en a partout des empreintes, regardez, on voit quatre doigts et leurs griffes", se réjouit-il."C'est caractéristique de la loutre d'Europe ! "
Chasse interdite, gîte et couverts assurés
Comment le parc et l'office français de la biodiversité ont-ils réussi à assurer le retour de la loutre ? "D'abord, elle n'est plus chassée (elles l'étaient jusque dans les années 70), il n'y a plus de mises à mort volontaires, on a arrêté de les persécuter", explique Xavier Baron.
"Et puis la Baie de l'Aiguillon joue un rôle de nurserie pour les poissons, il y a des petites proies faciles à consommer pour la loutre", ajoute-t-il. L'animal a donc de quoi manger. Car les rivières sont protégées dans la Réserve naturelle de la Baie de l'Aiguillon, même si la qualité de l'eau peut se détériorer avec les pesticides ou les polluants chimiques issus de l'agriculture. En Vendée, seuls 2% des cours d’eau sont en "bon état écologique", tout n'est pas gagné !
Autre facteur de réussite, il faut assurer une continuité écologique sur le territoire pour que les loutres puissent cheminer. Autrement dit, il faut des berges naturelles et des passages à loutres sous les ponts pour éviter les accidents de la route. Dans lesDeux-Sèvres, un programme de restauration de la loutre a également été très efficace. Guillaume Coche est technicien de rivière à l’office français de la biodiversité. "Qu'on maintienne des haies, qu'on laisse la végétation pousser normalement au bord d'une rivière, et la loutre pourra s'abriter et se dissimuler, c'est cela qui est important", insiste-t-il. "Si on est sur un terrain nu, artificialisé et avec des cultures, ce sera plus difficile pour elle."
Une mangeuse d'écrevisses précieuse pour la biodiversité
Et ce retour de la loutre a un grand avantage. En tant que "super prédateur" comme l’ours ou le loup, elle mange des espèces envahissantes dont on a bien envie de se débarrasser : le ragondin et surtout l'écrevisse de Louisiane, qui pullule dans le Marais. "La loutre en est consommatrice et c'est bien pour nous car ces écrevisses de Louisiane sont une espèce exotique envahissante, elles impactent la végétation des cours d'eau et les petites espèces animales", explique Xavier Baron. Qui conclut ainsi : "Quand une loutre disparait d'un milieu, c'est une situation de crise !"
Et en effet, "la loutre est une espèce parapluie", ajoute Guillaume Coche.
"Quand on agit pour la protéger, on préserve également d’autres espèces (insectes, papillons) gravement menacées."
Or l'enjeu est primordial. Selon les derniers chiffres de l'Union internationale de conservation de la nature, l'UICN, près de 20% des espèces sont menacées en France.