Le lait maternel encore meilleur qu'on l'imaginait grâce à des bactéries spécifiques évolutives

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Le lait maternel encore meilleur qu'on l'imaginait grâce à des bactéries spécifiques évolutives

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Pour la première fois on a pu analyser les micro-organismes présents à un mois d'allaitement et six mois, et c'est une bonne surprise
Pour la première fois on a pu analyser les micro-organismes présents à un mois d'allaitement et six mois, et c'est une bonne surprise
© Getty - Thanasis Zovoilis

La composition du lait maternel change au cours du temps pour s'adapter aux besoins de l'enfant. À l'heure où on s'intéresse au microbiote, l'ensemble des micro-organismes présents dans notre ventre, qu'en est-il des bactéries du lait ?

Le lait maternel est le meilleur aliment du nourrisson, il contient tout ce dont il a besoin au fil des mois. Une étude publiée dans Frontiers of microbiology sur des femmes guatémaltèques de la tribu Mam, qui allaitent longtemps leurs enfants, montre une évolution aussi chez les populations de bactéries contenues dans le lait maternel, des bactéries qui n'avaient jamais été étudiées à ce niveau de détail, famille par famille.

Grâce à une technique d'imagerie haute résolution, Emmanuel Gonzalez, bioinformaticien à l'Université de McGill a pu analyser les micro-organismes présents à un mois d'allaitement (entre le 6ème et 46ème jour), et six mois (du 109ème au 184ème jour). "Il y a des bactéries qui arrivent et qui disparaissent. Le premier mois, ce sont des bactéries commensales qui vont, par exemple, coloniser le système digestif de l'enfant", décrit le chercheur. "Et après, quand on passe à six mois, on voit qu'il y a un changement et de nouvelles bactéries arrivent, plus agressives sur l'environnement. Et ce sont des bactéries qui sont connues pour protéger, par exemple, contre des radicaux libres. Ce sont des bactéries dites de défense et elles vont aider le système immunitaire, par exemple." 

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Certaines de ces bactéries n'avaient jamais été identifiées dans le lait

Ces résultats vont permettre de mieux comprendre ce qui rend les bébés nourris au sein, plus résistants aux otites, aux allergies, à la diarrhée notamment et même, pour certains, au virus du sida transmis par leur mère positive. 

Dans les lactariums, cela ouvre la voie à l'enrichissement du lait recueilli pour les prématurés, explique le docteur Rachel Buffin, responsable du lactarium Auvergne-Rhône-Alpes : "Pour l'instant les lactariums fournissent un lait qui est pasteurisé donc qui ne contient pas ou très très peu de bactéries. Si on arrive à découvrir que certaines de ces bactéries sont efficaces sur la santé de l'enfant, on pourrait envisager de réintroduire des bactéries après la pasteurisation et de les choisir spécifiquement."

Toute la difficulté de ces études, c'est finalement de trouver des femmes volontaires, surtout dans les pays riches où l'on n'encourage pas la pratique de l'allaitement ou du moins pas assez longtemps. Chez les Mam vivant dans 8 communautés rurales éloignées des Hautes-Terres à l'ouest du Guatemala, les femmes allaitent longtemps, selon les recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé. C'est ce qui a permis de mener l'étude. Pour Kristine Koski, co-auteure de l'étude avec Emmanuel Gonzalez, il serait intéressant d'étudier les microbiotes de diverses communautés pour comprendre les différences entre humains. Les recherches sont souvent menées là où se trouvent les chercheurs (dans les pays riches), ce qui finalement appauvrit les résultats obtenus. Les populations sous-représentées pourraient apporter de nouvelles découvertes.