Le ministre du Brexit démissionne pour protester contre la ligne "intenable" de Theresa May

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Le ministre du Brexit démissionne pour protester contre la ligne "intenable" de Theresa May

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David Davis, ministre du Brexit, a démissionné ce dimanche du gouvernement britannique
David Davis, ministre du Brexit, a démissionné ce dimanche du gouvernement britannique
© AFP - Alberto Pezzali / NurPhoto

Pour protester contre la volonté de la Première ministre britannique de maintenir des relations commerciales privilégiées avec l'Union européenne, le ministre du Brexit, David Davis, a présenté dimanche sa démission du gouvernement.

La Première ministre britannique Theresa May a "chaleureusement" remercié David Davis, ministre du Brexit, qui a présenté dimanche sa démission du gouvernement.

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Le départ de David Davis entérine le désaccord entre la volonté de Theresa May de maintenir une relation commerciale post-Brexit entre l'Union européenne et le Royaume-Uni, et celle des eurosceptiques. Dans sa lettre de démission, le ministre du Brexit déplore notamment la "position de faiblesse" dans laquelle se placerait le pays vis à vis de Bruxelles, rendant difficile toute négociation à l'avantage des Britanniques.

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"L'intérêt national exige un ministre du Brexit qui croie fermement en votre approche, et pas seulement un conscrit réticent", a-t-il ajouté. Sa démission a été suivie de celle des secrétaires d'État au Brexit, Steve Baker et Suella Braverman, selon les médias britanniques.

Propositions de Theresa May "pas acceptables"

David Davis avait été nommé en juillet 2016 pour prendre la tête du ministère créé au lendemain du vote des Britanniques pour quitter l'UE. Cela faisait des mois que la rumeur de sa démission courait mais il s'était toujours montré loyal en public envers Theresa May. "Son insatisfaction au sein du gouvernement n'était un secret pour personne, mais après l'accord (de vendredi) pour garder avec l'UE des liens plus étroits qu'il ne le souhaite, sa position était intenable", a estimé l'analyste politique de la BBC Laura Kuennsberg. 

Le député conservateur Peter Bone a salué la décision de M. Davis, jugeant que les propositions de Mme May n'avaient de Brexit "que le nom" et n'étaient "pas acceptables"

Ces propositions prévoient de mettre en place une zone de libre échange et un nouveau modèle douanier avec les 27, afin de maintenir un commerce "sans friction" avec le continent. Avant de les présenter à Bruxelles, la Première ministre doit les détailler ce lundi aux députés britanniques ainsi qu'à son Parti conservateur. Theresa May doit leur dire que son projet est "le bon Brexit", "le Brexit qui est dans l'intérêt national". Mais la réunion s'annonce désormais houleuse, avec des députés conservateurs favorables à un Brexit dur en embuscade. 

Un accord "réaliste"

Dimanche, le ministre de l'Environnement Michael Gove, un autre eurosceptique, a défendu l'accord tout en admettant qu'il n'était pas celui qu'il espérait, mais qu'il était "réaliste". Le député conservateur europhobe Jacob Rees-Mogg a, lui, dénoncé le "défaitisme" du gouvernement, affirmant qu'il voterait contre son plan et qu'il ne serait pas le seul. "Il y a beaucoup d'interrogations, beaucoup de mécontentement, beaucoup d'inquiétudes", a déploré son collègue Bill Cash sur Sky News. "La question est 'Est-ce que cela permettra un véritable Brexit ?'". Le monde économique a également fermement rejeté le plan, pour des raisons opposées. Dans une lettre ouverte, le fondateur de la marque de boissons Innocent, Richard Reed, rejoint par une centaine d'entrepreneurs et dirigeants d'entreprise, dont ceux de Pret, Domino's ou Yo!Sushi (agro-alimentaire), Zoopla (immobilier) ou Net-a-porter (distribution de vêtements), ont dénoncé la proposition. 

Le coût, la complexité et la bureaucratie engendrés par la sortie de l'union douanière et l'adoption d'arrangements alternatifs sont la dernière chose dont nos entreprises ont besoin.

"Cela revient à une tentative, par le gouvernement, de lier les mains des entreprises britanniques", ont-ils déploré, exigeant le maintien du Royaume-Uni dans l'union douanière de l'UE. Le groupe Philips, qui emploie 1 500 personnes au Royaume-Uni, a, lui, annoncé étudier une possible fermeture de son usine de Glemsford (sud-est de l'Angleterre). Avant Philips, les groupes Airbus, BMW ou Jaguar ont déjà mis en garde les autorités britanniques ces derniers jours sur les conséquences économiques que pourrait avoir une sortie du marché unique.