Le patron du syndicat des gynécologues refuse de pratiquer des IVG, la profession s'indigne
Par Olivier Bénis, Véronique Julia
Après avoir affirmé dans une interview que l'avortement était selon lui "un homicide", Bertrand de Rochambeau (62 ans et président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens depuis 2015) assure qu'il ne s'agit que de son point de vue personnel. Son syndicat s'est d'ailleurs désolidarisé de ses propos.
Bertrand de Rochambeau explique s'être fait piéger : il aurait répondu à la journaliste "avec ses tripes", "en son nom propre", mais pas en tant que président du syndicat. Bref, cette interview est d'après lui un témoignage personnel qui aurait dû le rester.
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À ce titre, il le reconnait, il ne fait plus d'IVG depuis près de 20 ans. "Personnellement, j'ai fait des IVG, au début de ma carrière. Et aujourd'hui, je n'en fais plus. Quand on interrompt une grossesse, on arrête une vie. Et ça, je le maintiens, à mon sens personnel de médecin. Je ne le fais pas et j'adresse la patiente à mon confrère qui en fait. Mais ce n'est pas moi."
Le médecin fait donc valoir sa clause de conscience mais il maintient qu'il défend la loi Veil, et que ses propos n'engagent que lui-même. Contacté par nos confrères de France Info, son syndicat est d'ailleurs sur la même ligne : "Bertrand de Rochambeau s'est exprimé en son nom personnel et non au nom du Syngof. Le Syngof ne remet nullement en cause l'IVG, nombre de gynécologues au sein du Syngof pratiquent les IVG."
Une position qui ne représente pas la profession
Mais pour le docteur Joëlle Bellaich-Allard, présidente de la Société française de gynécologie, on ne peut pas, quand on est président d'un syndicat, mettre en avant ainsi ses propres convictions : "Je ne suis pas membre de ce syndicat. Très honnêtement, si je l'étais, je démissionnerais. Je considère que quand on est une personne publique, on ne doit pas exprimer un avis. Il faut parler pour l'ensemble."
Clairement, ce qui a été dit ne représente en rien l'ensemble des gynécologues-obstétriciens français. Nous sommes majoritairement pour la défense des femmes. L'IVG, merci madame Veil, c'est un acquis, il ne faut vraiment pas le remettre en question.
En attendant, les propos du docteur agitent les réseaux sociaux et la profession.
L'ordre des sages femmes réagit également en appelant à ne pas remettre en cause le droit à l'IVG. Et l'ordre national des médecins rappelle que la clause de conscience personnelle, si elle est un droit du médecin, implique aussi des obligations : dans un communiqué, il rappelle que, selon le code de déontologie, "lorsqu'il se dégage de sa mission, quel qu'en soit le motif, le médecin doit impérativement en avertir le patient, et transmettre sans délai à un autre médecin désigné par ce patient, toutes les informations utiles à la poursuite de la prise en charge".
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