Le plan de lutte contre la pauvreté épinglé par les associations
Par Thibault Lefèvre
Réunies au siège du Secours Catholique, plusieurs associations de lutte contre l’exclusion ont fait le point sur le plan de lutte contre la pauvreté et sa gestion par Manuel Valls depuis son arrivée au gouvernement.
Le plan contre l'exclusion lancé par Jean-Marc Ayrault alors qu’il était premier ministre apparait aujourd'hui comme une mécanique grippée : les associations pointent sa gestion faite par le gouvernement actuel.
Le plan initial donnait beaucoup d’espoir, mais nous avons l’impression que la lutte contre la pauvreté n’est plus un objectif gouvernemental prioritaire (…), comme si les pauvres n’étaient plus la population à laquelle il fallait s’intéresser, estime François Soulage, président du collectif associatif "Alerte" contre l’exclusion
Ce collectif (qui regroupe les principales associations de lutte contre l’exclusion) affirme aujourd’hui qu’entre six et huit millions de français finissent systématiquement le mois dans le rouge, soit près d’un français sur 10.
Pour les associatifs, les ratés de ce plan anti-précarité sont dûs à la coordination, défaillante, entre chaque ministère concerné :
Aujourd’hui, les contacts sont moins réguliers avec les ministères concernés , les réunions se sont espacées, les mesures ne sont plus discutées, par exemple celles sur le droit d’asile. Nous n’arrivons plus à faire part de ce que nous vivons sur le terrain pour faire évoluer la législation, renchérit François Soulage.
Sur le terrain, la situation se dégrade
Conséquences directes sur le terrain : un accès à l’emploi de plus en plus difficile, une population bloquée dans une situation de chômage de longue durée, et des effets sur l’état de santé ou les impayés de loyers.
Le taux de pauvreté n’augmente pas mais sur le terrain, la situation se dégrade, poursuit François Soulage. Avec le plan on pouvait imaginer sortir de la situation, on n’a fait que la stabiliser.
Ces associations évoquent aussi l’inégalité causée par le phénomène de dématérialisation et le basculement des procédures sur internet : "Sauf que un français sur cinq ne sait toujours pas se servir d’Internet", disent les membres du collectif Alerte. "Cette population ne sait pas comment accéder à ses droits, comme par exemple l’Aide Médicale d’Etat, gratuite pour tous mais offerte par le seul biais du web".