Le plan de relance fait l'impasse sur l'écologie, les ONG très inquiètes
Par Célia Quilleret"Où sont passées les ambitions écologiques du gouvernement ?", se demandent plusieurs ONG environnementales et sociales. Alors que le projet de loi de finances rectificative a été présenté ce mercredi matin en Conseil des ministres, rien de concret n’apparaît dans le plan de relance pour la transition écologique.
_"Jamais 2 sans 3"_ se désolent Greenpeace, le RAC (Réseau action climat), Oxfam, le WWF, France Nature Environnement ou encore le Secours populaire dans un communiqué. Les ONG font ici clairement référence au troisième projet de loi de finances rectificative, présenté ce mercredi matin à l’Élysée, qui "fait l’impasse sur l’écologie". Et ce, alors que le mois de mai est à nouveau, après février, mars, ou avril, le mois le plus chaud jamais enregistré par le réseau européen Copernicus.
Dans ce texte de loi, 40 milliards d’euros viennent d’être ajoutés pour la relance et le sauvetage de l’économie française. En tout, l’État investit donc 20 milliards en soutien direct et 300 milliards en prêts garantis aux entreprises.
Des aides massives à l’aérien et à l’automobile, secteurs les plus mauvais pour le climat
Mais si, dans cette enveloppe, "il y a 15 milliards d’euros pour le secteur aérien (dont 7 milliards pour Air France-KLM) et 8 milliards pour l’automobile, il n’y a _que 60 millions d’euros pour le vélo et rien pour le ferroviaire__, alors que c’est le mode de transport en commun le plus écologique_", dénonce Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France. Pour lui, "il faudrait des mesures plus contraignantes pour les pollueurs et des mesures de soutien pour les secteurs qui font du bien à la crise environnementale". Or la politique du gouvernement "contribue à aggraver les inégalités" estime Véronique Fayet du Secours catholique.
De son côté, le Réseau action climat "regrette que le gouvernement ait de nouveau pris des décisions doublement néfastes pour le climat". Selon l’ONG, "il n’apporte pas l’argent nécessaire pour accélérer la transition écologique et baisser les émissions et les inégalités sociales"
Un avion à hydrogène en 2035, un "pari trop lointain"
Pour Anne Bringault, responsable "transition énergétique" au Réseau Action climat, "les promesses pour 2035 n’engagent pas grand monde". Si les recherches sur un avion moins polluant sont indispensables, "un avion à hydrogène en 2035 est un pari", selon elle, "o_r c’est dès maintenant, avant 2030, qu’il faut réduire les émissions de CO2, réduire le trafic aérien, ne pas agrandir les aéroports et_ _réduire les cadeaux fiscaux à l’aviation comme le kérosène qui n’est toujours pas taxé__"_ .
Or selon ces ONG, "les 165 millions d’euros d’investissement public dans des avions dits 'zéro carbone', seul gage donné par le gouvernement, en plus des faibles éco-conditionnalités pour Air France, montre que la question de la réduction de l’impact climatique de l’aérien n’est pas prise au sérieux".
"On veut un virage écologique, pas un mirage" dit le WWF
Pour la présidente du Fonds mondial pour la nature, Véronique Andrieux, "un milliard d’euros pour les collectivités, cela reste très insuffisant". Et il faudrait "flécher ces investissements vers les mobilités propres, la rénovation énergétique ou les circuits cours", ajoute-t-elle.
D’autant que certaines mesures manquent dans ce plan de relance bien gris selon ces ONG : une "réforme de la fiscalité automobile pour favoriser l’achat de véhicules réellement moins émetteurs, l’accès de tous à d’autres solutions de mobilité, ou des mesures ambitieuses de réduction du trafic aérien".
Le Réseau action climat demande d’ailleurs que "moins de produits neufs soient mis sur le marché, dans certains secteurs polluants, comme le textile, l’électronique ou le plastique".
Enfin, la rénovation énergétique des logements a été oubliée. Or "elle permettrait de créer des emplois", ajoute Anne Bringault du Réseau action climat. "Même dans une logique pure de soutien à l’emploi", ajoute Jean-François Julliard, de Greenpeace, "on ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne 'profite' pas de cette opportunité pour réorienter l‘économie vers des secteurs bénéfiques pour l’environnement, comme la réparation, le réemploi ou la mobilité douce des transports en commun".