Le président des Philippines regrette - un peu tard - d’avoir insulté Obama

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Le président des Philippines regrette - un peu tard - d’avoir insulté Obama

Rodrigo Duterte affirme regretter ses insultes à l'égard du président américain Obama
Rodrigo Duterte affirme regretter ses insultes à l'égard du président américain Obama
© Reuters - Erik de Castro

Barack Obama, en tournée en Asie du Sud-Est, avait annulé sa rencontre prévue avec Rodrigo Duterte. Le président philippin avait jeté un froid en insultant son homologue américain.

Barack Obama, après sa participation au sommet du G20 de Hangzou le week-end dernier, a rencontré mardi au Laos ses homologues d'Asie du Sud-Est, mais annulé purement et simplement sa rencontre avec le président philippin. La raison : Rodrigo Duterte, lors d’une conférence de presse lundi, avait jeté un froid avec un dérapage dont il est coutumier, en traitant le président américain de "son of a whore" ("fils de p…").

Des mots retirés dès le lendemain, dans un communiqué publié mardi, dans lequel le gouvernement philippin assure que Rodrigo Duterte "regrette que ses remarques devant la presse aient causé une telle controverse".

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Le président Duterte a expliqué que des commentaires de presse selon lesquels le président Obama lui ferait la morale sur les exécutions extrajudiciaires l'avaient conduit à ce commentaire virulent (Communiqué du gouvernement philippin)

Face à l'insulte, Barack Obama a dit vouloir s'assurer qu'une telle rencontre serait "productive" et qu'elle "permettrait d'avancer" sur la question de la lutte contre le trafic, avant de sobrement annuler cette rencontre bi-latérale.

►Barack Obama aurait préféré un autre accueil pour sa dernière visite officielle en Asie du Sud-Est : les explications de Frédéric Carbonne :

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Duterte, "Trump philippin"

Loin d’être une première, ces dérapages verbaux sont devenus une habitude chez celui que certain ont déjà surnommé le "Trump philippin" :

  • Adressé à Obama, 'faut être respectueux' : "Il faut être respectueux. Il ne faut pas se contenter de balancer des questions et des communiqués. Fils de p..., je vais te porter malheur dans ce forum" (5 septembre 2016, avant son envol vers le Laos, évoquant les remarques que risquait de lui faire le président américain sur les droits de l'Homme, notamment les méthodes de la lutte contre le trafic de drogue)
  • Adressé à l'ambassadeur américain 'homosexuel'  : "Comme vous le savez, je me bats avec l'ambassadeur (du secrétaire d'Etat John Kerry). Son ambassadeur homosexuel, le fils de p... Il m'a fait c...", (10 août, propos tenus à la télévision au sujet de l'ambassadeur des Etats-Unis Philip Goldberg)
  • L'ONU, 'fils de p...' -"Peut-être que je déciderai de quitter l'ONU. Si tu manques de respect, fils de p..., je te quitte" (22 août 2016, après qu'une experte des Nations unies l'eut mis en garde sur le nombre élevé d'exécutions extrajudiciaires)
  • 'Le pape, fils de p...' -"Ils nous a fallu cinq heures pour aller de l'hôtel à l'aéroport. J'ai demandé qui on attendait. Ils ont dit que c'était le pape, je voulais l'appeler. Le pape, fils de p..., rentre chez toi. Ne viens plus en visite". (Déclaration datant de novembre 2015, sur la visite en janvier 2015 du pape François dans l'archipel et les bouchons que cela avait causé).
  • Des reporters méritent la mort -"Ce n'est pas parce que vous êtes journaliste que vous êtes exempté d'assassinat, si vous êtes un fils de p...." (Déclaration faite fin mai comme on lui demandait ce qu'il comptait faire face aux meurtres de journalistes, après l'assassinat d'un reporter à Manille)
  • Violée, 'mais elle était si belle' - "Ils ont violé toutes les femmes (...) Il y avait cette missionnaire australienne (...) J'ai vu son visage et je me suis dit, +p..., quel dommage. Ils l'ont violée, ils ont tous attendu leur tour+. J'étais en colère qu'ils l'aient violée mais elle était si belle. Je me suis dit, +le maire aurait dû passer en premier+". (Déclaration faite en avril 2016, au sujet du viol et du meurtre d'une missionnaire lors d'une émeute en 1989 dans une prison de Davao.)

Rodrigo Duterte est aussi très critiqué pour avoir incité ses concitoyens à tuer eux-mêmes toxicomanes et trafiquants. Ces exécutions extrajudiciaires ont déjà fait officiellement près de 2.000 morts depuis l'accession au pouvoir de Duterte en juin.