
Au PS, on était à deux doigts jeudi de sabrer le champagne après la validation de la première étape du référendum d'initiative partagée sur la privatisation d'ADP par le Conseil Constitutionnel. Mais étrangement plus question de cet autre RIP lancé par le PS sur l'ISF. Il ne manque pourtant que 24 signatures...
Regain de fierté au PS, le sentiment d'être à nouveau au centre du jeu politique avec la validation par le Conseil Constitutionnel de la première étape du référendum d'initiative partagée sur la privatisation d'Aéroports de Paris.
Dans son nouveau siège d'Ivry sur Seine, le patron des socialistes est radieux. Son téléphone n'arrête plus de sonner. Il commente à l'envi :
"Un impeachement pour Emmanuel Macron qui veut brader les intérêts stratégiques de la France pour renflouer les caisses de l'Etat. On a saisi un outil démocratique".
Sous entendu, écrasée au Parlement par l'hégémonie du parti présidentiel, LREM, l'opposition n'a plus les moyens de se faire entendre. Alors elle utilise tous les leviers que lui offre la Constitution.
Le RIP sur l'ISF c'était il y a tout juste 4 mois
Et là, on se souvient d'un précédent initié, encore, par le PS mais dont bizarrement le parti d'Olivier Faure ne fait plus beaucoup la publicité. Le 9 janvier quelques jours avant l'inauguration du nouveau siège, la refondation du PS passait aussi ce volontarisme retrouvé. On annonçait, à grand renfort de médias, une plateforme de vote en ligne pour rétablir l'ISF. L'idée était d'inciter 185 parlementaires à signer pour qu'un RIP voit le jour sur cette question.
Depuis le printemps plus rien... Plus un mot sur le sujet de la part des édiles socialistes. Même en cherchant sur le site du PS on le trouve bizarrement rangé dans l'onglet "billet". Et pourtant à en juger par le compteur mis en place sur la plateforme, on n'est pas loin du seuil : 161 parlementaires ont signé déjà ; il ne manque plus que 24 signatures.
Le 19 mars dernier de son passage dans Questions Politiques, l'émission de France Inter en partenariat avec Le Monde et France TV, la question a été posée à Olivier Faure :
"Pourquoi ne pas troller les parlementaires pour les enjoindre à signer?".
Le Premier secrétaire avait esquivé, confiant juste que l'ISF qu'il défend à présent est un ISF vert. Taxer les plus riches pour financer la transition écologique. Que s'est-il passé ? Entre temps, l'alliance avec Place Publique et les amis de Raphaël Glucksmann est passée par là. Il est moins question aujourd'hui de rallier les déçus de Jean-Luc Mélenchon ou de Benoît Hamon que de refaire le socle électoral du PS autour des valeurs qu'Emmanuel Macron n'a pas su incarner. Notamment sur les réfugiés et l'écologie.
Il ne faudrait effrayer le bobo social-démocrate plus prompt à mouiller sa chemise et ses deniers pour aller sauver la planète qu'à être taxé sur des revenus qu'il estime avoir bien mérités. Olivier Faure réfute l'argument :
"Non sur ce RIP là, c'est plus compliqué, car il n'y a personne à droite pour nous y aider. Et pas question de faire front commun avec l'extrême-droite".
Quoiqu'il en soit, même sur le RIP contre la privatisation d'ADP, il est vraisemblable qu'aucun référendum ne verra le jour. Le processus est long, 9 mois pour recueillir les 4,7 millions de signatures puis encore un suspens de 6 mois en attendant que les deux chambres, Sénat et Assemblée nationale se saisissent, ou pas, de la proposition de loi. C'est uniquement en cas de refus d'examen que le Président de la République est tenu d'organiser un référendum. Et cela est hautement improbable.
N'en reste pas moins une manœuvre habile qui gèle pour 9 mois l'une des dispositions phare de la loi Pacte. La privatisation d'ADP a pris une vraie balle.