
Plus de deux milliards de personnes en surpoids sur la planète et autant de patients ou presque qui franchissent difficilement le seuil du cabinet médical.
D'après les travaux d'une chercheuse américaine en psychologie évoqués en congrès à Washington début août, les personnes obèses ou en surpoids souffrent d'un regard discriminant de la part des médecins, qui les ramènent systématiquement à leurs problèmes de poids, ce qui provoque stress, détresse psychologique et finalement mauvaise prise en charge médicale. Car ce regard discriminant les éloignerait du parcours de soin.
Un phénomène dont se plaignent de façon récurrente les personnes en surpoids. On le constate sur des blogs de patients obèses. L’un d'entre eux rapporte, par exemple, qu'a l'occasion d'une consultation pour une bronchite, le médecin a très vite dérivé sur le thème "vous êtes trop gros, il faut maigrir", réduisant tous les problèmes de son patient à son surpoids, le culpabilisant par la même occasion.
Un regard médical pas toujours bienveillant et des idées préconçues
Plusieurs études le disent : les médecins ont des stéréotypes et leur prise en charge ne serait pas la même selon le poids du patient. Face à un poids normal, on chercherait la cause des symptômes. Face à un gros, on prescrirait d'abord un régime, ce qui traduit déjà une certaine méconnaissance des causes de l'obésité qui sont multiples.
Claudine Canale est-elle même un ancienne obese, elle préside l'association Poids plume : "L‘obésité c’est très complexe : on touche à des problématiques génétiques, culturelles, psychologique, ce n’est pas seulement parce qu’on mange trop. Le problème c’est qu’on ne forme pas assez les médecins traitants. C’est une maladie l’obésité".
Et puis il y a le regard du soignant, ses gestes, parfois déplacés et humiliants explique Claudine Canale : "Au niveau gynécologique il y a des problèmes parce que les instruments ne sont pas adaptés, il y a des médecins qui ne sont pas du tout bienveillants. Vous êtes trop grosse on ne peut pas vous ausculter !"
Consciente du problème, la Haute autorité de santé anglaise a publié des recommandations il y a quatre ans, incitant le corps médical à cesser les stigmatisations, et à employer avec les patients obèses un ton respectueux, non culpabilisant et non moralisant.