Le vaccinodrome du Stade de France fait sauter les critères d'âge pour les professions prioritaires

Publicité

Le vaccinodrome du Stade de France fait sauter les critères d'âge pour les professions prioritaires

Par
Au Stade de France, file d'attente de personnes sans rendez-vous espérant une dose de vaccin. Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), 27 avril 2021.
Au Stade de France, file d'attente de personnes sans rendez-vous espérant une dose de vaccin. Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), 27 avril 2021.
© Radio France - Benjamin Illy

INFO FRANCE INTER - La direction du centre de vaccination ouvert au Stade de France, en Seine-Saint-Denis, a donné consigne de permettre l'accès au vaccin à toutes les professions listées comme prioritaires par le gouvernement sans limite d'âge.

Jusqu'ici les enseignants, les policiers, les agents d'entretien, les caissières de supermarché ou les chauffeurs de bus notamment pouvaient prendre un rendez-vous prioritaire mais seulement pour les plus de 55 ans. Au Stade de France, la limite d'âge n'existe plus, pour cette longue liste de métiers quand il reste des créneaux de vaccination vacants comme cela a été le cas ces derniers jours. C'est ce que nous confirme ce matin le département de Seine-Saint-Denis, qui précise ne pas être décisionnaire des critères appliqués dans ce centre de vaccination, que dirige la préfecture du département, en partenariat avec l'Agence Régionale de Santé et la Croix-Rouge. Toutes les personnes qui exercent ces professions exposées au virus peuvent désormais prendre rendez-vous quel que soit leur âge. 

Un numéro de téléphone spécifique

Depuis l'ouverture du vaccinodrome, un numéro de téléphone spécifique a été mis en place pour permettre aux habitants de Seine-Saint-Denis de disposer de créneaux spécifiques, le 01 43 93 78 77. A ce numéro, il est possible désormais de prendre rendez-vous quand on déclare exercer une profession prioritaire, même en dessous de 55 ans.

Publicité

Pour les résidents des autres départements, il faut prendre rendez-vous en ligne via la plateforme Doctolib. À l'heure où nous écrivons ces lignes, les critères d'éligibilité nationaux sont toujours en place sur la plateforme. Les habitants des autres départements ne peuvent donc pas réserver de créneau, sauf à faire une fausse déclaration.

"Ne pas gâcher de doses"

Le conseil départemental, qui précise ne pas être décisionnaire quant à la levée des restrictions d'âge, explique que les équipes du Stade de France font face à 8 à 10 % d'annulations de rendez-vous et "n'arrivent pas à remplir tous les créneaux" alors que le centre "dispose d'assez de doses". Selon lui, cette levée des restrictions n'est pas "une consigne générale" mais une possibilité offerte "lorsqu'il reste des doses et qu'il y a des annulations", dans le but de "ne pas gâcher de doses". Plusieurs enseignants de Seine-Saint-Denis précisent toutefois avoir pu prendre rendez-vous pour la semaine prochaine au numéro dédié aux habitants du département.

"Mes collègues ont transféré un message, avec le numéro du Stade de France pour les habitants du 93, en disant que les enseignants pouvaient se faire vacciner même s'ils ne remplissaient pas les critères d'âge" témoigne ainsi Marlène, professeure au Blanc Mesnil. Au téléphone, l'opératrice prend son rendez-vous pour "la semaine prochaine" sans difficulté, alors que la jeune professeure indique son âge, 32 ans. Des dizaines d'enseignants du département ont, selon elle, eu la même démarche : "beaucoup de mes collègues, une quarantaine, ont appelé et ont eu un rendez vous entre aujourd'hui et la semaine prochaine". "Tout le monde attendait ce vaccin car on est une profession très exposée" se réjouit Marlène. 

Louise, professeure en lycée en Seine-Saint-Denis, elle aussi, a pu prendre rendez-vous dès ce jeudi et se dit "soulagée". "J'ai 36 ans, je n'ai pas de co-morbidité, mais la personne que j'ai eu au téléphone au Stade de France, m'a dit que tout était fait dans les règles car j'ai dit que j'étais enseignante dans le 93, même si j'ai précisé que je n'y habitais pas" témoigne-t-elle. Elle se dit cependant "surprise de ne pas avoir eu l'information par des voies officielles".

Le préfet reconnaît des "souplesses" en fin de journée, mais des enseignants témoignent que des créneaux sont dédiés

Sollicité, la préfecture de Seine-Saint-Denis, qui gère le centre, n'a pas donné suite à nos demandes, tout comme l'Agence Régionale de Santé (ARS). Le préfet a toutefois publié un communiqué en début d'après-midi ce jeudi, précisant seulement que "les critères fixés par le Gouvernement et notamment les cibles vaccinales sont évidemment respectés". Il reconnaît seulement qu'il "peut arriver toutefois que des souplesses, sans aucune portée générale, puissent être mises en oeuvre en fin de journée, afin qu'aucune dose de vaccin ne soit perdue, au jour le jour".

Mais contrairement à ce qu'affirme le préfet dans ce communiqué, les témoignages que nous avons recueilli démontrent que la plateforme d'appel du Stade de France a permis des dizaines de prises de rendez-vous à toute heure, pour les prochains jours aux professions prioritaires, sans limite d'âge. 

"Moi, j'ai un rendez vous en fin de matinée, j'ai des collègues qui ont des rendez vous en début de matinée et très clairement lors de la prise de rendez vous, on m'a demandé quand je voulais venir" témoigne ainsi Mélanie, 31 ans, enseignante à Montreuil, "on n'a pas dit qu'on me rappellerait si jamais il restait de la place". 

Les opérateurs disposent d'une liste de professions prioritaires

Il semble donc qu'un consigne ait bien été transmises au centre d'appel du Stade de France. La jeune femme a d'ailleurs rappelé le numéro pour "demander si [elle] pouvait passer l'information à [ses] collègues enseignants et non enseignants, tous les agents du collège". "La personne m'a lu la liste des personnes prioritaires pour la vaccination sans limite d'âge et toutes les personnes au contact des enfants étaient inclues" témoigne-t-elle, "également les personnels de la petite enfance".

Dans le secteur public, les métiers concernés étaient les professeurs des écoles, collèges, lycées, les Atsem, assistants maternels, les agents au contact des élèves ou les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), les policiers nationaux et municipaux, gendarmes, surveillants pénitentiaires. Dans le privé, on compte notamment les conducteurs de véhicules (bus, ferry, etc.), livreurs, routiers, taxis et VTC, contrôleurs des transports publics, agents d'entretien ou éboueurs, caissières ou encore vendeurs de produits alimentaires (bouchers, charcutiers, traiteurs, boulangers ou pâtissiers). 

Pression pour la levée du critère d'âge

Depuis plusieurs jours, la pression est vive sur le gouvernement pour une ouverture plus large de la vaccination, étant donné que de très nombreux rendez-vous restent libres dans certains centres du pays, dont celui du Stade de France, l'un des plus grands de France. Le prochain élargissement des critères est pour l'instant prévu au 15 mai, pour des injections aux 50-55 ans, sans conditions de comorbidité. 

Le président (PS) du département de Seine-Sainnt-Denis, Stéphane Troussel, dont les personnels gèrent le centre d'appel du Stade de France, milite aussi pour une ouverture plus large de la vaccination. "Je crois qu'il faut débrider la question de l'âge, parce que c'est quand même un scandale que des doses ne soient pas utilisées alors qu'il y a beaucoup de gens qui souhaitent se faire vacciner", a insisté la maire de Paris, Anne Hidalgo, jeudi matin sur franceinfo. C'est encore "prématuré" à ce stade, avait répondu Jean Castex mercredi, à la sortie du Conseil des ministres, sans toutefois fermer la porte "à un élargissement des publics" s'il se confirmait qu'un "certain nombre de rendez-vous" disponibles n'étaient "pas honorés".

Près de 15 millions d'injections

À l'heure actuelle, la vaccination est ouverte à environ 25 millions de personnes, dont notamment les résidents des Ehpad, les plus de 55 ans, les 50-54 ans les plus fragiles et certaines professions ou personnes vulnérables. Selon les derniers chiffres officiels, 14,9 millions de personnes ont reçu au moins une injection, dont plus de 6 millions ont été complètement vaccinées avec leurs deux doses (soit 9% de la population totale et 11,5 % de la population majeure).