Législative partielle dans le Val-de-Marne : la gauche éparpillée façon puzzle

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Législative partielle dans le Val-de-Marne : la gauche éparpillée façon puzzle

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Dans la 9ème circonscription du Val-de-Marne, les électeurs sont rappelés aux urnes après la démission de Luc Carvounas, élu maire d'Alfortville.
Dans la 9ème circonscription du Val-de-Marne, les électeurs sont rappelés aux urnes après la démission de Luc Carvounas, élu maire d'Alfortville.
© AFP - Hans Lucas / Benjamin Mengelle

Pas moins de neuf candidatures dont six de gauche : dans le Val-de-Marne, l'heure n'est (pas encore) à l'unité pour cette législative partielle.

Sept élections législatives partielles se tiennent ce week-end du 19 et 20 septembre. Parmi celles qui auront valeur de test, le scrutin qui concerne Alfortville et Vitry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. L'élection, en mars dernier, de l'ex-député socialiste Luc Carvounas à la mairie d'Alfortville a laissé un siège vacant à l'Assemblée. Sa suppléante, Sarah Taillebois, élève de l'ENA, a renoncé à siéger. Résultat : neuf listes en présence dont six de gauche. Les écologistes notamment ont investi contre les socialistes sortants la secrétaire national adjointe d'Europe écologie-les Verts. Une trahison pour le PS. 

Mais Sandra Regol, numéro deux des Verts, assume cette candidature à rebrousse-poil de l'unité de la gauche affichée nationalement. "On a tout essayé", dit-elle."Cela fait des années que l’on fait toutes les mobilisations ensemble avec la gauche. Les manifs contre la loi El Khomri, contre la réforme du code du travail, contre la réforme des retraites. Mais à un moment, même si ce n’est pas notre culture, même si c’est contre-intuitif pour nous, on a compris que la seule façon d'arriver à l'unité était cruelle et devait passer par le langage de la gauche française, le rapport de forces." 

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Puisqu'on est dans le bras de fer, la socialiste Isabelle Santiago sort, ce matin-là sur le marché d'Alfortville, la grosse artillerie : elle débarque, encadrée du maire, Luc Carvounas, et du patron du PS, Olivier Faure. "Olivier est un ami", assure-t-elle. Il reconnaît qu'il y a "trop de candidats" et que ce n'est pas le "bon exemple à suivre". Trop de candidats, est-ce synonyme d'une campagne qui laisse des traces ? "Quelques piques oui, mais chacun saura se rassembler dimanche soir derrière moi", se rassure Isabelle Santiago. 

Derrière, l’ancien candidat à la tête du PS, ex-sénateur, ex-député, réélu en mars à la mairie tour confortablement ne décolère pas. "Les écolos m’avaient promis qu’ils n’enverraient personne. J’ai dans mon téléphone un texto de Sandra Regol qui me le dit", affirme Luc Carvounas. 

Porte-à-porte

Christian Benedetti, directeur du théâtre-studio d’Alfortville, déjà candidat de La France Insoumise aux européennes, fait, lui, une campagne de porte-à-porte dans les quartiers populaires. Son combat "contre les petits arrangements politiques" veut "porter la voix des gens". "Celle de ceux qui ne se déplacent plus pour voter. Je ne demande pas leur voix mais leur suffrage. Leur voix je vais la porter."

"Il faut lutter contre la grève civique des urnes. On fait de la politique contre les gens. L’abstention arrange Macron", poursuit ce "metteur en scène, acteur". "J’ai fait ce métier pour être utile, pour comprendre la mécanique du monde. Mon engagement politique en est le prolongement. Je reprends cette phrase de Pasolini : 'N’ayons pas de retard d’avenir'."

Sur le marché d'Alfortville, Serge, militant communiste, a installé une tente aux couleurs de son parti et de sa candidate, Fatmata Konaté. "On ne lâche rien", hurle en musique la sono. Et "on est les meilleurs !", assure Serge. La maire-adjointe de Vitry n’est pourtant soutenue que du bout des lèvres par le parti, qui l’a sanctionnée pour avoir soutenu, lors du troisième tour des municipales, le dissident Pierre Bell-Lloch contre la tête de liste Jean-Claude Kennedy. 

LaREM est présente mais pas avec la droite

LaREM ne lâche rien non plus et Jonathan Rosenblum, fines lunettes et masque blanc frappé du logo En marche, affirme sans complexe qu'il est "le candidat du gouvernement". "Je dis aux gens, le plan de relance de 100 milliards d’euros, je suis le plus à même de le décliner sur place." 

Ici, pas d'alliance avec la droite. Sa candidate Michèle Bonhomme-Afflatet refuse le "en même temps" présidentiel. "Quand on avance d’un côté à droite, de l’autre à gauche, on claudique. Je veux faire sortir cette circonscription de ce à quoi la gauche l’a assignée : une immense cité dortoir. Avec Valérie Pécresse (présidente de la région Ile-de-France), on aurait les moyens de faire revenir des entreprises et de relancer l’économie ici."

Mais au-delà de l'éparpillement des voix, le principal défi reste la lutte contre l'abstention : elle représentait plus de 63% des suffrages aux dernières municipales. 

Les neuf candidats 

  • Isabelle Santiago (PS),
  • Fatmata Konaté (PCF),
  • Sandra Regol (EELV),
  • Abdallah Benbetka (écologiste dissident),
  • Christian Benedetti (LFI),
  • Sandrine Ruchot (Lutte ouvrière),
  • Jonathan Rosenblum (LREM-Modem),
  • Michèle Bonhomme-Afflatet (LR-UDI),
  • Gaëtan Dussausaye (RN).