C'est un réseau plus que centenaire qui est aujourd'hui en danger. Plus de 800 alliances françaises dans 131 pays, 20 000 salariés un peu partout dans le monde, qui proposent notamment des cours de français à plus de 500 000 personnes à travers le monde, vivent aujourd'hui une des plus grave crise de leur histoire.
Melbourne est toujours strictement confinée et ça fait plus de six mois que ça dure. Johanna Durand dirige depuis un an la plus importante Alliance française australienne avec 20 enseignants, un peu plus d'1,5 millions d'euros de chiffre d'affaires, mais environ 30 % de perte de ressources depuis le début de l'année. La raison : des cours ne peuvent plus être donnés "en présentiel" et des centaines d'élèves ne paient plus pour apprendre le français. "La vulnérabilité des Alliances françaises est exacerbée par cette crise", explique-t-elle.
"Donc, on a dû faire un crédit d'un demi-million de dollars. La crise, c'est aussi les frontières qui sont fermées : on n'a pas de profs qui peuvent rentrer sur le territoire donc on ne peut pas avoir de croissance. On n'aura pas de deuxième crédit et on n'a pas droit à l'erreur." Il y a aussi les professeurs qui ont quitté Melbourne pour retourner en France, ils sont quatre. Et ce sera bientôt au tour de la documentaliste, sans doute lassée par un confinement aussi long et aussi strict.
Les Alliances françaises de France sont les plus touchées
Plus grave, la situation de la trentaine d'Alliances françaises réparties, elles, sur le territoire national : "Les Alliances françaises de France dépendent des étudiants étrangers. Évidemment les étudiants étrangers sont beaucoup moins nombreux à venir en France. Et donc, on a des Alliances françaises de France qui sont obligées de faire des efforts de gestion avec parfois des plans de licenciement, des réductions de dépenses. Ce sont les difficultés principales", détaille Marc Cerdan est le secrétaire général de la fondation des Alliances françaises.
Avec depuis mars dernier, déjà, deux fermetures : les Alliances françaises de Grasse et de Dijon mais aussi d'importantes procédures de licenciement en cours, à Lyon notamment, qui a déjà perdu près de 2/3 de ses effectifs.
Le numérique pour sauver les Alliances françaises ?
À partir du 29 septembre et pendant presque tout le mois d'octobre, les directeurs des Alliances françaises vont se rassembler virtuellement pour essayer de définir un plan de sortie de crise et dessiner ce que Marc Cerdan décrit comme un "plan Marshall" des Alliances.
L'idée consiste à essayer de mutualiser l'offre d'enseignement, en s'appuyant sur le numérique pour réaliser des économies d'échelle. La plupart des Alliances françaises comme celles de Nairobi par exemple ou de Melbourne ont d'ailleurs déjà entamé ce virage pour essayer de compenser la perte "physique" de nombreux élèves. Problème : avec le numérique, l'ancrage territorial, et donc l'important maillages des Alliances françaises à travers le monde, perd de son importance.