Les élections en Bavière sont de mauvais augure pour Angela Merkel

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Les élections en Bavière sont de mauvais augure pour Angela Merkel

En faisant campagne sur des thèmes chers à l'extrême droite, le chef de la CSU et ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, a provoqué deux crises politiques cet été.
En faisant campagne sur des thèmes chers à l'extrême droite, le chef de la CSU et ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, a provoqué deux crises politiques cet été.
© AFP - Christof STACHE

Les dirigeants de la coalition CSU-SPD se retrouvent à Berlin ce lundi pour tirer les premiers enseignements du score historiquement bas récolté en Bavière dimanche. Une élection qui peut faire peur à la Chancelière allemande, qui remet en jeu en décembre sa place de leader du parti conservateur.

C'est un camouflet pour les alliés au gouvernement d'Angela Merkel et pour la Chancelière elle-même. La spectaculaire baisse de voix de la CSU et du SPD en Bavière, ce dimanche, est un très mauvais signe pour la coalition des chrétiens-démocrates (CDU) et des sociaux-démocrates.

La CSU, parti affilié à la CDU, a récolté 37 % des suffrages seulement, perdant ainsi sa majorité absolue au parlement régional (et dix points par rapport à 2013). Son allié, la SPD, perd la moitié de ses électeurs, avec 9,5 % des voix.

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Le scrutin bavarois a en revanche été un succès pour les Verts, qui remportent 18 % des voix et arrivent en seconde position, mais aussi pour l'extrême-droite, l'AfD, ui fait son entrée dans son 15e parlement régional sur 16 avec 10,6 % des suffrages.

Résultats estimés des élections en Bavière
Résultats estimés des élections en Bavière
© AFP

Coalition conservatrice au pied du mur

Sept mois après avoir été formée dans la douleur, et après deux crises internes cet été, la grande coalition CDU/CSU-SPD de la chancelière semble au pied du mur. "L'épicentre de ce séisme politique est en Bavière, mais il peut provoquer un tsunami qui balayera le gouvernement fédéral", assène le magazine de référence Der Spiegel sur son site internet.  

À l'origine de ce conflit, les confrontations entre Angela Merkel et son ministre allemand de l'Intérieur, Horst Seehofer, qui est aussi le chef de la CSU. Pour regagner les électeurs qui, depuis 2015 et l'accueil de plus d'un million de demandeurs d'asile, se rapprochent de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), Horst Seehofer a provoqué le débat sur des thèmes chers à l'extrême-droite. 

La priorité pour la CDU va être de régler ce conflit pour sauver les meubles le 28 octobre prochain, en Hesse, où le parti de la Chancelière est au pouvoir en coalition avec les écologistes. "C'est un avertissement pour la CDU et c'est pourquoi notre priorité des deux semaines à venir doit être la Hesse", a dit dimanche la secrétaire générale du parti Annegret Kramp-Karrenbauer. 

Année difficile

Un mauvais score viendrait compliquer encore les choses pour Angela Merkel qui affronte en décembre un vote de militants pour être reconduite à la tête de son parti.  

Selon les enquêtes d'opinion, les citoyens tentés par l'extrême droite n'ont pas été convaincus de revenir dans le giron des conservateurs et d'autres, plus modérés, se sont tournés vers les Verts. Les électeurs se détournent donc des partis au pouvoir, des partis dont on réclame le départ, à l'instar de l'extrême-droite. Après les résultats dimanche soir, l'AfD s'est empressée de réclamer le départ du gouvernement devenu une "mini-coalition".

Au pouvoir dans la première économie européenne depuis 13 ans, la chancelière allemande a connu une année très difficile, conséquence politique de sa décision de 2015 d'ouvrir l'Allemagne aux migrants en détresse. Même si elle a considérablement resserré sa politique dans ce domaine, Angela Merkel a été handicapée par l'essor de l'extrême droite aux législatives de septembre 2017. 

La candidate d'extrême-droite Alice Weidel a d'ailleurs reçu le soutien de ministre italien de l'Intérieur et chef de la Ligue, le parti d'extrême-droite, Matteo Salvini. Dans un communiqué, il a lancé dimanche un "Au revoir Merkel", proclamant la "fin du vieux système".