Les grandes lignes de l'accord pour sauver Areva
Fin de semaine décisive pour le géant du nucléaire. Le gouvernement a fixé à vendredi la date butoir pour le projet de rachat de la branche réacteurs d'Areva par EDF. C'est l'une des solutions pour sauver le fleuron du nucléaire français de la faillite.
Après des négociations très tendues, (Philippe Varin a même écrit à François Hollande la semaine dernière pour l'alerter sur les risques d'un échec), les deux parties sont arrivées in extremis à un compromis. Le projet a été soumis hier séparément aux conseils d'administration des deux entreprises. Il est présenté ce matin aux investisseurs, en même temps que les résultats semestriels d'Areva.
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Jean-Marie Chevallier est économiste et spécialiste de l'énergie. Il répond aux questions de Sébastien Sabiron.
"On est contraint de trouver un arrangement qui permet à areva de s'adosser à un acteur puissant"
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Les grandes lignes de l'accord
C'est la fin d'un conflit entre les frères rivaux du nucléaire. En rachetant la filiale d'Areva chargée de la construction et de la maintenance des réacteurs, EDF s'assure du leadership dans l'atome français tandis qu'Areva se cantonne désormais à la fourniture de combustible nucléaire et à son retraitement (le périmètre de l'ancienne Cogema).
L'accord industriel se double d'un accord commercial : sur le long terme, EDF s'engage à faire traiter son uranium par Areva et à lui acheter du combustible . La bataille a duré jusqu'à la dernière minute sur la valorisation de l'ancienne Framatome. Pour racheter la partie réacteurs, EDF ne voulait pas payer plus de deux milliards. Trop peu pour les dirigeants d'Areva. Ils obtiennent de haute lutte 2,7 milliards, mais pour limiter la facture, l'électricien ne se portera pas acquéreur de 100% du capital , mais seulement de 75%.
Surtout l'électricien est débarassé du risque de l'EPR en Finlande . L'État prendra lui à sa charge tous les risques financiers liés à l'opération. Reste des interrogations sur le financement à terme Areva, qui a besoin de dept milliards d'euros . L'entreprise a besoin d'une recapitalisation. L'État prendra ses responsabilités, selon le ministre de l'Économie Emmanuel Macron, on en saura plus d'ici la fin de l'année.
Pour les syndicats l'inquiétude porte sur la cohérence et la viabilité du nouvel Areva. Pour Jean-Pierre Bachman, coordinateur de la CFDT, le syndicat majoritaire chez Areva, au final ce sont les salariés qui devront payer les pots cassés.
Jean-Pierre Bachman au micro de Delphine Simon
"Le groupe va être démantelé"
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Le patron d'Holcim pressenti pour diriger Areva
Areva et EDF n'ont pas souhaité commenter ces informations. Dans son édition à paraître jeudi, le Figaro, qui cite des sources concordantes, écrit que Bernard Fontana, patron du cimentier suisse Holcim jusqu'à sa récente fusion avec le français Lafarge, est pressenti pour diriger Areva .