Ils ont remporté (au moins) 5 fois le Tour de France. Et pour un d'entre eux, les ont tous perdus. A 95 jours de l'arrivée du 100e Tour, portrait des grands vainqueurs.
Jacques Anquetil : une belle tête de vainqueur
Né en 1934, mort en 1987 des suites d'un cancer à l'estomac dont le dopage pourrait être la cause, "Maître Jacques" a été le premier quintuple vainqueur du Tour. Durant toute sa carrière, il a mis son exceptionnel talent de rouleur au service d'une intelligence de course remarquable, remportant plusieurs Tours grâce aux contre-la-montre. C'est d'ailleurs parce qu'il considérait les courses d'une journée comme des loteries qu'il avait décidé de devenir LE spécialiste des grandes épreuves à étape. Il détient toujours le record des victoires (13) dans les 3 grands tours (France, Espagne, Italie). Ce coté calculateur et une vie privée compliquée lui ont interdit d'accéder à une popularité comparable à celle de son rival de fin de carrière Raymond Poulidor. Lequel a, malgré son image d' "éternel second", gagné plus de courses chez les professionnels que Jacques Anquetil (189 pour le Limousin, 184 pour le Normand).
Eddy Merckx : le cannibale belge
Comme tous les membres de la confrérie des grands vainqueurs, Eddy Merckx était un très grand rouleur. Mais aussi un stratège capable de gagner les courses avec sa tête autant qu'avec ses jambes. Vainqueur de 4 Tours consécutifs entre 1969 et 1972, il a complété son palmarès en 1974 pour égaler Jacques Anquetil. A ses adversaires, il ne laissait jamais que des miettes et ne ratait jamais l'occasion de les écraser pour marquer les esprits dans le peloton. D'où son deuxième surnom, "l'ogre de Tervueren". Aujourd'hui annobli, le Baron Edouard Merckx, gloire nationale belge, peut s'enorgueillir d'avoir donné son nom à une station du plébéien metro de Bruxelles. Pour son 3ème succès sur le Tour, en 1971, il avait laminé toute adversité dans la dernière étape contre la montre qui arrivait à la piste municipale de Vincennes.
Après Maître Jacques, après l'ogre de Tervueren, le Tour de France s'est donné à un autre stratège : Bernard Hinault devient grâce à sa ruse et à sa science de la course "le blaireau d'Yffiniac", localité costarmoricaine de quelque 5000 habitants qui lui doit l'essentiel de sa notoriété internationale. Aidé par un autre stratège, l'ancien coureur Cyrille Guimard devenu l'un des meilleurs directeurs sportifs de l'histoire, Hinault va se tailler un énorme palmarès de 216 victoires, 5 dans le Tour de France, mais encore 3 dans le Tour d'Italie et 2 dans le Tour d'Espagne. Il est aussi connu pour son fort caractère, n'hésitant pas par exemple à prendre la tête d'un mouvement de fronde des coureurs contre les cadences infernales imposées par les organisateurs. C'est son premier Tour, et il le remportera ! Contrairement à Jacques Anquetil, celui qui incarne "la France qui gagne" va aussi connaître la popularité. Les artistes le chanteront comme en témoigne "Allez Hinault" et son encore plus pittoresque face B : "Blaireau reggae".
Miguel Indurain : la machine de France et de Navarre
Né en 1964, Miguel Indurain restera dans l'Histoire comme le premier coureur à avoir remporté le Tour 5 fois consécutives entre 1991 et 1995. Et quand en 1996, il tente la passe de 6, il est enfin battu par le Danois Bjarne Riis. Une défaite qui poussera le Navarrais vers la retraite quelques mois plus tard. Ses performances hors du commun en montagne (où il était presque aussi à l'aise que contre la montre) pour un coureur de sa morphologie (1m88 pour 80 kg) ont entretenu des soupçons de dopage durant toute sa carrière. Pourtant, Miguel Indurain n'a jamais subi de contrôle positif. Lui aussi a inspiré les artistes, même hors des frontières espagnoles. En témoigne ce "Walking Indurain" de Fred Poulet, un véritable passionné de tous les sports.
Walking Indurain par Fred Poulet :
"Walking Indurain" de Fred poulet
3 min
Amstrong : du paradis en enfer
Le plus controversé des vainqueurs du Tour a été déchu de ses 7 victoires consécutives entre 1999 et 2005. Et il n'est sans dout pas près d'être égalé. Car de révélations d'équipiers en aveux plus ou moins spontanés, il a fini par admettre que son palmarès surhumain n'était pas du qu'à ses seules (immenses) qualités athlétiques. La vie du Texan, né en 1971, est un véritable roman : adopté à l'âge de 3 ans par le second époux de sa mère. Coureur précoce, il devient assez vite un bon pro. Mais en 1996, un cancer des testicules lui est diagnostiqué. Opéré, soigné, il reprend la compétition durant l'été 1997 pour sa deuxième et flamboyante carrière. Les victoires, la gloire et la fortune lui sourient, malgré la sulfureuse réputation qui traîne dans son sillage. Jusqu'à ce 14 janvier dernier, où, devant les caméras d'Oprah Winfrey à la télévision américaine. Il est déchu de toutes ses victoires et les prochains chapitres du roman s'écriront sans doute devant la Justice.