
Après un an et demi de lutte syndicale pour garder en vie les hauts-fourneaux de Florange (Moselle), leur mort définitive doit être entérinée jeudi lors d'un Comité central d'entreprise (CCE) à Paris qui lancera la mise en oeuvre du projet industriel et commercial d'ArcelorMittal conclu entre le groupe et le gouvernement en novembre dernier.
Les hauts-fourneaux, en veille depuis octobre 2011 mais maintenus jusqu'à présent en "coma artificiel", connaîtront une mort définitive avec l'arrêt prévu lundi du dernier dispositif de chauffe, a indiqué à l'AFP le secrétaire général de la CGT à Florange, Lionel Burriello.
Mercredi soir, un documentaire intitulé "La promesse de Florange" était projeté sur place.
Notre envoyée spéciale à Florange Marion l'Hour a pu y constater la désillusion ambiante.
La fin des hauts-fourneaux à Florange
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"Si on arrête cette chauffe, on débranche la machine, les hauts-fourneaux sont morts", selon lui. On procède à leur "mise sous cocon" qui prévoit des dispositifs de sécurité afin d'éviter tout accident. "La mise sous cocon, c'est un no man's land qui ne permettra pas le redémarrage de l'outil", affirme l'élu CGT.Au terme de la procédure d'information du CCE jeudi, les représentants syndicaux seront appelés à donner leur avis, purement consultatif sur le projet industriel. Un Comité d'entreprise est convoqué dans la foulée, vendredi à Florange, avant le début de la mise sous cocon lundi des hauts-fourneaux pour une durée de six années.
Parmi les soutiens des métallos, le chanteur Bernard Lavilliers. Pourquoi ? Il répond à Claire Servajean.
DCT Lavilliers Florange pour WEB
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L'accord conclu fin novembre entre le gouvernement et le numéro un mondial de l'acier confirmait la fermeture des hauts fourneaux et prévoyait un investissement de 180 millions d'euros en cinq ans à Florange, dont 53 millions d'investissements stratégiques.
Selon Jean-Marc Vecrin, élu CFDT:
On donnera un avis contre le projet industriel et commercial en s'appuyant sur le rapport d'expert. Avec l'arrêt de la filière liquide, on se coupe sciemment de capacités de production.
Fin...?
Après de précédents rapports déjà critiques de la fermeture des hauts fourneaux de Florange, un rapport d'expertise du cabinet Secafi a apporté de nouveaux arguments aux syndicalistes opposés à l'arrêt de la filière liquide.D'après ce rapport, "la stratégie du groupe va aboutir à un déficit de capacité et poursuivre sa spirale décroissante". En réponse, la direction d'ArcelorMittal a assuré que ses capacités de production en Europe étaient "suffisantes pour répondre à la demande d'acier à moyen terme" et que le groupe reste "engagé à assurer un avenir durable à ses activités en Europe".La question de la compétitivité de la filière packaging qui concerne Florange et Basse-Indre (Loire-Atlantique) doit aussi être évoquée jeudi par le CCE alors que "le rapport prouve l'incohérence industrielle totale de ce projet", selon Lionel Burriello. Il "prévoit beaucoup de logistique en plus. C'est le gros bât qui blesse", estime Jean-Marc Vecrin.Les brames d'acier seront fournis par le site de Dunkerque à Florange qui procèdera au laminage, le packaging devant être finalisé à Basse-Indre. Mais les études concernant ce projet complexe ne sont pas terminées, selon Xavier Le Coq, élu CFE-CGC, et sa mise en oeuvre n'interviendra pas avant fin 2013. "On est dans une phase d'essais préalables avant de basculer à 100% dans le projet tel qu'il a été imaginé", ajoute-t-il.Selon les élus, la mise en oeuvre du projet industriel et commercial va permettre de passer maintenant à la négociation d'un accord d'accompagnement social pour les 629 emplois concernés par la suppression de la filière liquide. Dix emplois ont d'ores et déjà été recréés dans la filière packaging et environ 600 départs en retraite sont prévus sur trois ans à Florange. L'aspect social de l'accord devrait être réglé vers la mi-juin, selon Xavier Le Coq.