"Les héros ne meurent jamais" (avec Adèle Haenel) : les avis du "Masque & la Plume"

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"Les héros ne meurent jamais" (avec Adèle Haenel) : les avis du "Masque & la Plume"

Adèle Haenel et Jonathan Couzinié dans le film "Les héros ne meurent jamais" d'Aude Léa Rapin
Adèle Haenel et Jonathan Couzinié dans le film "Les héros ne meurent jamais" d'Aude Léa Rapin
- Les Films du Worso

Pour son premier long-métrage, Aude-Léa Rapin invite le spectateur à rejoindre une équipe de tournage qui part en Bosnie pour rechercher les traces d'un soldat inconnu défunt dont le personnage principal, Joachim, croit être la réincarnation. Seule Sophie Avon a salué le film.

Le film présenté par Jérôme Garcin 

Une production franco-belgo-bosniaque avec Adèle Haenel, Jonathan Couzinié, Antonia Buresi. 

Joachim croise un jour dans Paris un mendiant d'Europe de l'Est qui croit reconnaître en lui un soldat mort en Bosnie le 21 août 1983. C'est le jour exact de la naissance de Joachim, lequel est certain d'être sa réincarnation. Il part alors pour Sarajevo avec Alice, qui est dans le film documentariste, et Virginie, qui est preneuse de son film de fiction qui lorgne ouvertement vers le documentaire, d'où vient d'ailleurs Aude-Léa Rapin. C'est court. Ça dure 1h25. 

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J'ai eu du mal à croire à cette histoire

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Eric Neuhoff s'est drôlement ennuyé 

EN : "Les héros ne meurent jamais… mais c'est bien le problème. On aimerait qu'ils meurent beaucoup plus vite que ça… Il y a un gros problème de temporalité. 

C'est un truc à s'arracher la tête d'ennui. C'est d'une souffrance…

D'ailleurs, on était deux dans la salle. Il y a un monsieur qui est resté aussi jusqu'à la fin. J'aimerais le retrouver pour lui offrir un verre de champagne pour son mérite, sa vertu, car c'est vraiment un film d'un inintérêt total. Moi, j'ai essayé de dormir mais je n'y suis pas arrivé. 

C'est un film totalement bancal, prétentieux, sur la réincarnation, sur la guerre en Bosnie. Un mélange de road-movie, de documentaire, de fiction qui est chichiteux. Les dialogues sont mal écrits. L'acteur est mauvais comme un cochon. 

On se demande ce qu'Adèle Haenel fait là… Elle aurait dû faire comme aux Césars et dire 'Je me barre, on s'en va, c'est la honte'

Non, elle n'a pas osé, elle est trop bien élevée par moments. 

Je me demande comment, en 2020, on peut encore tourner des films comme ça. Nous sommes envoyés dans les années 1970 au Saint-André-des-Arts, à la séance de midi. Mais vraiment, pourquoi faire ? Elle n'est pas faite pour ça du tout Aude-Léa Rapin. La Bosnie n'avait pas besoin de ça…"

Pour Pierre Murat c'est un film indéfendable 

PM : "C'est désarmant. C'est au-delà du soutenable. J'ai cru longtemps que c'était un film burlesque. C'était assez comique à tel point qu'on se croirait dans la vieille série 'Abbott et Costello', qui étaient deux nigauds à Hollywood tellement bêtes. Là, c'est les deux nigauds à Sarajevo en l'occurrence…

La réalisatrice prend le prétexte que ce n'est pas elle mais un caméraman qui filme. Mais du coup ça part dans tous les sens

C'est filmé n'importe comment.

La seule chose qu'on pourrait dire, car c'est vrai qu'on n'est pas là pour donner des conseils aux jeunes réalisateurs, mais simplement peut-être leur dire que, avant de mettre leur nombril, aussi généreux soit-il, sur l'écran, peut-être qu'il faudrait juste qu'ils voient quelques films, que le cinéma n'a pas commencé quand ils avaient 16 ans. Il y a des films qui existaient avant, qu'ils lisent des livres, qu'ils aillent au théâtre, qu'ils se cultivent un tout petit peu, et ensuite ils écriront des trucs qui seront certainement formidables".

Mais là, c'est indéfendable…

Sophie Avon salue un film, certes modeste, mais très bien fait

SA : "Je suis désolée, mais moi, j'aime beaucoup le film. Je ne trouve pas que c'est du n'importe quoi. 

C'est tout sauf prétentieux, car sur un sujet comme ça, elle prend au contraire le registre de la modestie la plus totale. Sa démarche ? Oui, ce n'est pas loin du burlesque. Au début, on est dans quelque chose de complètement farfelu, de complètement loufoque, avec ce type qui doit aller chercher cette tombe du soldat inconnu. À partir de ce registre extrêmement modeste, c'est un peu une bande de bras cassés. On n'est plus dans la virée entre potes au départ que dans l'épopée mystique. Et, petit à petit, dans ce faux vrai reportage, le réel rentre et la fiction aussi. Les deux se mêlent. Il y a l'anniversaire du massacre de Srebrenica de juillet 1995. Il y a des rencontres avec des gens qui ont été endeuillés, qui ont connu la mort.

Petit à petit, le film se charge en émotions et s'oriente vers une chose que je trouve très belle : le royaume des morts. On va essayer de voir où sont passés les défunts, où sont passés les gens qu'on aime". 

Dans sa modestie, c'est vrai que c'est un petit film mais c'est très bien fait et je ne me suis pas ennuyée une seconde.

Pour Nicolas Schaller, c'est un premier film qui ne parvient pas à remplir ses ambitions cinématographiques 

NS :

C'est un premier film qui a le mérite de tenter quelque chose, mais qui le rate assez totalement, ce qui est assez dommage. 

"Effectivement, Aude-Léa Rapin lance plusieurs pistes. Elle fait à la fois une forme de faux documentaire avec des vrais gens, on sent quand même qu'il y a beaucoup de figurants locaux parmi les acteurs, elle est imprégnée de cela. 

Le problème, c'est qu'elle bascule vers une tonalité très "Pieds nickelés" de faux documentaire, où elle amène une espèce de forme de dérision et de décalage qui ne fonctionne pas du tout. On voit bien qu'elle veut mettre en parallèle et faire se rencontrer ces petits Parisiens qui se prétendent cinéastes, documentaristes et qui n'ont pas vraiment de grands problèmes avec ce grand sujet qu'est la guerre de Bosnie. Mais, en même temps, il y a des enjeux qui sont trop gros pour le film et je trouve qu'elle n'arrive vraiment pas à basculer d'une tonalité à l'autre, c'est vraiment très problématique

Quant à Adèle Haenel, on se demande ce qu'elle fait là".

Le film

► Au cinéma depuis le 30 septembre 

🎧 Écoutez l'ensemble des critiques échangées à propos de ce film sur le plateau du Masque et la Plume :

"Les héros ne meurent jamais" d'Aude Léa Rapin

6 min

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