Les pandémies vont devenir plus fréquentes et meurtrières, expliquent les experts biodiversité de l'ONU

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Les pandémies vont devenir plus fréquentes et meurtrières, expliquent les experts biodiversité de l'ONU

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Un rapport des experts biodiversité de l'Onu, pointe du doigt le lien entre pandémies et activités humaines
Un rapport des experts biodiversité de l'Onu, pointe du doigt le lien entre pandémies et activités humaines
© Getty - Imagevixen

Si l'on ne change pas notre rapport à la nature, les pandémies vont se multiplier. C'est l'alerte lancée par les experts des Nations Unies dans un nouveau rapport sur le lien entre effondrement de la biodiversité et émergence des pandémies.

"Si l'on ne fait rien la pandémie de Covid 19 sera la première d'une série qui peut être longue" prévient Benjamin Roche, directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et l'un des experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES) à avoir passé en revue des centaines d'études sur les liens entre l'humain et la nature dans un rapport. "Sans stratégie préventive, les pandémies vont émerger plus souvent, se propager plus rapidement, tuer plus de gens et affecter l'économie mondiale avec des impacts dévastateurs sans précédent." C'est l'une des conclusions glaçantes du rapport qui fait le lien entre l'effondrement actuel de la biodiversité et l'émergence des pandémies.   

Le Sras-Cov 2 est d'origine animale comme 70 % des virus d'aujourd'hui (Ébola, Zika) et comme presque toutes les pandémies, celle du Covid 19 est une zoonose, c'est à dire qu'elle vient de pathogènes animaux. Les espèces animales sont d'immenses réservoirs à virus qui risquent de se propager à l'humain. 

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Le rapport pointe du doigt le lien entre pandémies et activités humaines

Chauves-souris, rongeurs, oiseaux, bétail, d'après des estimations publiées dans la revue Science en 2018 et reprises dans le rapport, il existerait aujourd'hui 1,7 million de virus inconnus chez les mammifères et les oiseaux, dont entre 540.000 et 850.000 "auraient la capacité d'infecter les humains". Or ce risque de contamination augmente, conséquence des contacts de plus en plus serrés entre les animaux sauvages, les animaux d'élevage et la population humaine. 

Plus on déforeste plus on développe le commerce de la faune sauvage - il a été multiplié par cinq en l’espace de 15 à 20 ans - et plus on s'expose aux agents pathogènes des animaux, explique Benjamin Roche, biologiste : "_Ces activités humaines perturbent le lien entre les microbes qui circulent dans l'environnement et leurs hôtes animaux__, certains microbes vont être de plus en plus transmis. Dans le même temps, les populations humaines sont de plus en plus en contact avec certaines espèces animales qui portent ces microbes. Elles sont donc plus exposées_". 

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La santé humaine et la santé animale sont interdépendantes 

D'après le rapport de l'IPBES, il faut agir en amont pour prévenir les prochaines pandémies. Par exemple identifier et étudier les zones géographiques les plus à risque, mieux contrôler le commerce de la faune sauvage, ou encore lutter contre la déforestation. Il faut également développer au sein des institutions le principe de "One Health". Ce concept de "Une seule santé" selon lequel la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. 

On ne peut plus aborder les pandémies sous le seul angle des traitements médicaux et des vaccins, explique Anne Larigauderie, secrétaire exécutive de l'IPBES, il faut une approche pluridisciplinaire : "La question sur l'origine environnementale des maladies est une question qui est relativement nouvelle pour les décideurs. Jusqu'à présent le domaine de la santé a vraiment été l'apanage de la communauté médicale et maintenant il faut arriver à créer des passerelles avec les épidémiologistes, les écologues et les vétérinaires mais aussi avec ceux qui s'occupent de la conservation de l'environnement pour que toutes ces composantes soient prises en compte afin de mieux comprendre comment soigner les maladies mais aussi comment les prévenir."

Prévenir, insiste le rapport,  serait 100 fois moins coûteux que guérir une pandémie.  Celle du Covid 19 a déjà coûté 8.000 à 16.000 milliards de dollars jusqu'à juillet 2020.