Besoin de réconfort pour les uns, d’un semblant de retour à une convivialité (en visioconférence) pour les autres, l’appareil à raclette semble devenir l’un des produits phares de ce début d’hiver confiné.
Les grands distributeurs de l’électroménager comme Boulanger et Fnac Darty le confirment : les ventes d’appareil à raclette ont explosé juste avant et pendant ce confinement, bien au-delà des chiffres déjà très importants en cette période d’avant fêtes : "Dès l’annonce du second confinement, il y a eu une accélération des ventes jamais vue sur le marché, avec des +300, +400 % par rapport à l’an dernier avec de vrais cartons comme le modèle pour deux personnes" dit Olivier Garcia, directeur des produits du groupe Fnac-Darty qui assure n’avoir jamais vu de tels chiffres qui plus est pour des appareils sans aucune nouveauté technologique.
Certains ont hésité à franchir le pas et acheter cet appareil quelque peu encombrant, comme Hélène, habitant un trois pièces à Paris : "On avait toujours repoussé le moment d’acheter un appareil à raclette, car on en mangeait tellement peu dans l’année qu’on ne voyait pas l’intérêt. D’habitude, on va chez des amis, ou, si on organise la soirée à la maison, on leur demande d’apporter leur appareil". Mais Hélène a franchi le pas au moment du couvre-feu juste avant le confinement,
"Je me suis dit : l’hiver va être très long, on n’aura pas beaucoup de distraction, il va falloir trouver quelque chose pour compenser"
Et la voilà en possession d’un appareil acheté en ligne d’occasion. Un grand format pour six personnes, déjà rentabilisé… à deux : "On a déjà fait autant de raclettes en novembre que d’habitude sur toute l’année", rigole-t-elle, soit déjà… trois, "mais ça n’en fait même pas une par semaine, ça va !" tient-elle à préciser. Hélène met en avant sa gourmandise, mais aussi l’absence de sorties au restaurant à cause du confinement.
Le bonheur des producteurs de lait
Un enthousiasme des amateurs de raclette qui motive les professionnels de la filière durement touchés en mars dernier, quand le premier confinement a entraîné la fermeture des stations et une chute des ventes de fromage. "On travaille beaucoup avec les stations donc on a eu un arrêt brutal de la vente de raclette en mars", explique Thomas Dantin, producteur de lait près du lac d’Aiguebelette en Savoie et président de la filière IGP Raclette de Savoie."Heureusement, un mois de septembre plutôt froid a permis de relancer les ventes, on est à plus 25% de ventes par rapport à l’an dernier voire plus en octobre", précise Thomas Dantin : "La raclette de Savoie à son IGP (indication géographique protégée, produit et transformé uniquement dans les deux Savoie) depuis 2017, et on note chaque année, une progression régulière. Pour 2020, nous allons produire 3.500 tonnes sur les 65.000 à 75.000 tonnes produites en France."
La raclette de Savoie est affinée au minimum 56 jours et il ne faut pas craindre de pénurie, selon Thomas Dantin.
Et pour avoir le ventre moins lourd, Hélène, la trentenaire parisienne a trouvé la parade : remplacer quelques pommes de terre par des légumes, champignons ou poivrons. De quoi faire hurler les puristes de la raclette.