Le projet de loi de réforme du droit du travail est présenté ce jeudi en conseil des ministres. Très contesté par les syndicats, le texte comporte également une modification de la médecine du travail.
Finie, la traditionnelle visite médicale d'embauche pour les salariés ? C'est en tout cas ce que propose le projet de loi El Khomri. La loi Travail ne fait pas disparaître ce préalable actuellement obligatoire à toute embauche mais crée deux catégories de salariés. Le texte propose de "mieux cibler les moyens sur les salariés exposés à des risques particuliers."
En clair : un suivi plus assidu pour ceux exposés à des risques : ouvriers du secteur des BTP, de l'industrie chimique,…Les salariés responsables de transports de collectivités devraient également être concernés : chauffeurs de bus, de trains, d'avion…
Allongement des délais de visites
En revanche, les visites moins seraient moins fréquentes pour l'ensemble des travailleurs, avec une première visite assurée non pas par un médecin mais par une équipe pluridisciplinaire, composée par exemples d'infirmiers. Cette distinction serait ensuite prolongée en cours de carrière. Avec un rallongement du délai actuel de deux ans pour la plupart des salariés; délai légal bien souvent non respecté en pratique. L'exécutif voudrait aussi renforcer le suivi des salariés en CDD et en intérim, aujourd'hui presque inexistant.
La colère des syndicats
La plupart des syndicats, très remontés contre cette réforme du droit du travai, pourtant retouchée par le gouvernement –une nouvelle journée de manifestations est prévue le 31 mars, les étudiants et lycéens se mobilisent eux à nouveau ce jeudi – accueillent également très mal cette disposition du texte. Elle créerait d'énormes disparités entre salariés, estiment-ils; le médecin du travail ne verra plus qu'une seule catégorie de salariés, stigmatisés.
D'après les organisations, le projet de loi désinvestit totalement le médecin du travail de sa mission première de "veilleur" et prive les salariés d'un "outil majeur de protection sociale".
Les syndicats, dont la CGT et la CFDT, ont récemment adressé une note au ministère de la Santé. Un appel à ne pas confondre « médecine du travail et médecine de contrôle ».
Bernard Salengro , du syndicats des médecins du travail, se montre aussi très critique envers ces dispositions.
C'est une dérive sécuritaire de la médecine du travail
Le gouvernement, lui, justifie ces mesures par le nombre de médecins du travail, qui ne cesse de reculer en France. 6 000 en 2006, moins de 5 000 aujourd'hui. Et moitié moins d'ici à quinze ans, d'après les prévisions de l'Etat.