M6 pourrait-elle perdre sa fréquence sur la TNT, au profit de Xavier Niel ?
Par Julien Baldacchino
À partir de ce lundi, l'Arcom examine les dossiers pour l'attribution ou la réattribution d'une partie des fréquences sur lesquelles les chaînes de télé peuvent diffuser sur la TNT. Avec un nouveau candidat de taille : Xavier Niel, qui a des vues sur le canal de M6.
Ce lundi marque la date limite pour les candidatures auprès de l'Arcom, l'autorité de régulation notamment chargée de l'audiovisuel (l'ex-CSA), pour deux fréquences très convoitées : celles des chaînes TF1 et M6 sur la TNT Terrestre. C'est en effet la première fois que l'institution ouvre les candidatures pour le renouvellement de ces canaux, l'autorisation d'émettre des deux chaînes arrivant à expiration au mois de mai.
Rien ne devrait empêcher les deux grandes chaînes de récupérer leurs canaux… En théorie. Car un nouvel arrivant pourrait jeter un pavé dans la mare : Xavier Niel. Le patron de Free a indiqué formellement à l'Arcom la semaine dernière son intention de se positionner sur cet appel à candidatures – et a donc jusqu'à ce lundi pour déposer son dossier complet.
Xavier Niel, bon connaisseur du secteur
Pourquoi cette nouvelle candidature change-t-elle la donne ? Parce que d'une part, Xavier Niel a le poids nécessaire pour que son dossier soit examiné avec sérieux. Outre les télécommunications, il est un homme de médias, actionnaire du Monde, propriétaire du quotidien Nice-Matin et surtout, dans l'audiovisuel, co-fondateur de Mediawan, société de production devenue en moins de dix ans l'un des leaders de la production audiovisuelle, qui à force de développements et d'acquisitions (notamment le groupe AB Productions puis Lagardère Studios), est devenue l'un des leaders du secteur.
D'après Les Échos, depuis plusieurs mois, Xavier Niel rencontre des acteurs de la production, des auteurs, des producteurs, pour plaider en faveur de son dossier. En novembre dernier, lors d'une audition devant l'Arcom, le vice-président d'Iliad (maison mère de Free) Maxime Lombardini avait évoqué, sans présenter un projet précis, la possibilité de renforcer la production de fictions en prime time, de nouveaux formats et de soirées "qui démarrent à une heure plus raisonnable".
Position dominante pour TF1
D'autre part, en face, on fait face à deux chaînes affaiblies : TF1 et M6. Ce fut l'un des feuilletons de 2022 : la fusion entre ces deux géants de la télévision, qui devait donner naissance à un mastodonte de l'audiovisuel, a capoté en milieu d'année (en raison notamment des garanties qui étaient demandées par l'autorité de la concurrence et l'Arcom). Les deux chaînes, qui vont par ailleurs perdre leur plateforme commune (avec France Télévisions) Salto, ne sont pas en position de force.
Mais TF1, de par sa position dominante, s'en sort mieux. Malgré des audiences en net recul en 2022, la chaîne reste leader. Et ne se contente pas de cette première place : dès début janvier, le groupe TF1 a signé un accord avec plusieurs syndicats de producteurs et sociétés d'auteurs. Histoire de baliser les années à venir pour la chaîne et ses filiales.
Situation plus complexe pour M6
Côté M6, c'est plus compliqué : la chaîne a été à vendre… puis plus à vendre. En octobre 2022, sa maison mère, le groupe RTL, a affirmé vouloir garder la chaîne. Pour autant, il est le groupe de télévision le rentable d'Europe. Et a refusé à deux reprises des offres de rachat d'un certain… Xavier Niel.
M6 risque-t-elle vraiment de disparaître de la TNT au profit d'une chaîne Free ou Mediawan ? C'est loin d'être sûr, tant l'Arcom est connue pour favoriser les titulaires des fréquences. Mais "un nouvel entrant va obliger TF1 et M6 à se bouger", confie une source proche du dossier citée par Les Échos. Entre coup de pression pour encercler M6 et finalement y prendre une participation et volonté de poser de nouvelles exigences de l'Arcom auxquelles TF1 et M6 devront se plier, la candidature de Free et Xavier Niel va de toute façon changer la donne.