Malgré la prise de conscience, l'inertie des entreprises face aux impératifs environnementaux
Par Claire ChaudièreSix mois après l'entrée en vigueur de la loi Climat, les entreprises sont-elles au rendez-vous de la préservation de l'environnement ? France Inter vous dévoile ce lundi en avant-première les résultats d'une étude réalisée par le cabinet Technologia auprès de 1900 salariés et managers.
Preuve que les choses commencent à bouger : 30% des représentants du personnel, interrogés dans le cadre d'une enquête ont émis ou constaté des alertes en lien avec l'impact environnemental de leur entreprise dans le cadre du dialogue social. En tout, le cabinet Technologia a interrogé 1900 salariés et managers. Des collectifs se sont même crées ici et là, comme chez Suez, raconte Noui Bouhrali du syndicat Force Ouvrière.
Il est clair que ça pousse du côté des salariés, depuis environ 18 mois. Un groupe, baptisé Suez acts for the planet, s'est constitué et accentue la pression sur la direction. L'entreprise pourrait notamment mieux calculer son impact carbone. Le virage a été pris mais ça ne va pas assez vite, ni assez loin, aux yeux des salariés.
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Les questions environnementales intègrent le dialogue social, mais la dynamique n'est pas lancée
Une prise de conscience et une motivation qui ressortent clairement des témoignages recueillis. Mais cette sensibilité ne débouche pas sur des dynamiques fortes : "Les répondants apparaissent très sensibles à l’écologie, mais agissent à petite échelle, et souvent de manière individuelle. Leurs prises de position demeurent contraintes par l’attachement à l’emploi. L’emploi peut être personnel ou celui à défendre en tant que représentants des salariés", détaille l'étude.
Côté dirigeants, on semble désormais tout autant sensibilisés et prêt à agir. Mais la mise en action n'a pas encore eu lieu. "L'inertie reste souvent de mise", constate l'économiste et fondateur du cabinet Technologia, Jean-Claude Delgène, car "le top management n'a pas encore donné le LA, montré les jalons à satisfaire, fixé les objectifs et les changements de pratiques attendues" pour atteindre une réduction de 50% des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030_._ C'est là le nœud du problème. Il donne une image pour résumer la situation dit-il :
C'est comme si on avait un train, dont les wagons sont bien huilés, prêts à partir, mais la locomotive ne s'est pas encore mise en branle. Même si, il n'y a pas de doute : elle va se mettre en branle.
Accords d'intéressements des salariés à la performance environnementale
L'analyse des questionnaires montre par ailleurs une connaissance très hétérogène de la "loi Climat" du 22 août 2021. Seul un répondant deux est informé que la nouvelle loi impose aux entreprises des actions précises pour la protection de l'environnement, et que les questions environnementales font partie des prérogatives du CSE (consultations, enquêtes, expertises…).
Mieux mesurer les impacts, signer des accords d'intéressement financiers à la performance environnementale des entreprises : il existe des outils pour impulser ce changement, conclut l'étude. Pour réussir à passer de comportement vertueux individuels, à des dynamiques collectives et de renouvellement des modes de production.