Manifestation anti-ETA à Madrid après un jugement européen

MADRID (Reuters) - Des milliers d'Espagnols ont manifesté dimanche à Madrid contre une décision de la Cour européenne des droits de l'homme ayant entraîné la remise en liberté d'une membre de l'ETA et ouvert la voie à la libération de dizaines d'autres séparatistes basques.
Ines del Rio, emprisonnée en 1989 pour son implication dans 23 assassinats et attentats à la bombe, a été libérée mardi. La veille, la juridiction du Conseil de l'Europe avait jugé son maintien en détention illégal en raison de modifications dans l'application de sa peine intervenues après sa condamnation.
Depuis ce jugement, l'Audience nationale, plus haute juridiction d'Espagne, a reçu des demandes de libération de 51 membres de l'ETA.
"ETA a assassiné mon père alors que j'avais seulement 15 ans", a déclaré Maite Araluce en s'adressant à la foule agitant des drapeaux espagnols et scandant "justice" sur la place Colon.
"Maintenant nous devons voir ces assassins sortir librement en souriant (...) Je ne cherche pas la vengeance mais je ne veux pas non plus qu'ils profitent de ce dont ils nous ont privé", a-t-elle ajouté.
Des partisans du Parti populaire (PP) au pouvoir ont manifesté aux côtés des proches des victimes des actions de l'ETA, qui a fait plus de 800 morts en plus de 40 ans.
Le gouvernement ne semble toutefois pas enclin à ignorer l'injonction de la Cour européenne des droits de l'homme.
Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a qualifié le rassemblement de dimanche de "manifestation de solidarité avec les victimes, pas une manifestation contre la Cour".
Sur environ 600 membres d'ETA emprisonnés en Espagne, 61 n'ont pas pu bénéficier d'une remise de peine en raison de la modification de la législation espagnole qui a été dénoncée par la Cour européenne des droits de l'homme.
Sarah White; Bertrand Boucey pour le service français