Manuel Valls : un chemin (pavé d’embûches) vers l’Elysée
La route de Manuel Valls vers l’Elysée connait quelques virages serrés depuis son passage à Matignon. La primaire à gauche, pour le Catalan, pourrait devenir une voie sans issue.
Manuel Valls a longtemps eu l’allure d’un jeune homme pressé. Encarté socialiste dès sa majorité, avant même d’obtenir la nationalité française (il est né à Barcelone d’un peintre artiste-peintre catalan et d’une mère suisse), le jeune étudiant en histoire sera très tôt disciple de Michel Rocard, avant de devenir attaché parlementaire.
L’Île de France comme tremplin politique
L’ile de France sera son terrain stratégique : conseiller régional dès 1986, puis adjoint au maire d’Argenteuil (Val d’Oise) dès 1989, il reviendra ravir la mairie d’Évry en 2001 (il sera réélu en 2008), après avoir musclé son profil politique comme conseiller aux affaires étudiantes du gouvernement Rocard, puis dans le cabinet de Lionel Jospin. Un mandat qui lui permettra, sous peu, de mettre en avant son expérience d’élu de terrain, en particulier sur celui des banlieues.
Michel Rocard (C, devant), élu Premier secrétaire du Parti socialiste 24 octobre 1993, pose avec les membres du nouveau bureau politique du PS, Henry Weber, Jean Glavany, Manuel Valls, Jean-Christophe Cambadelis, Jean-Paul Huchon, Jean-Luc Mélenchon et Daniel Vaillant, le 10 novembre 1993, au siège du PS, à Paris.
2011 : le revers de la première primaire à gauche
En 2011, lors de la première primaire organisée par les socialistes en vue des élections de 2012, le camouflet est sévère pour le candidat Valls : 5,6% des suffrages remportés face à son rival Arnaud Montebourg, qui caracole, lui à 17%. Son approche libérale le place déjà à la droite de son camp : il prône l’effort collectif à fournir par les Français pour remettre le pays à flot, la sécurité ou le déverrouillage des 35h.
Prompt à dénoncer l’immobilisme de François Hollande avant cette primaire, il se ralliera pourtant aux côtés du candidat désigné et futur président. Calcul gagnant : François Hollande lui offre la direction de la communication de sa campagne présidentielle, que Manuel Valls verrouillera d’une main de fer (ce qui permettra à certains de ses détracteurs de lui donner quelques surnoms comme ''Robocom'', pour rappeler son ultra-réactivité médiatique). En mai 2012, il devient ministre de l’Intérieur : sa cote de popularité décolle. Après deux ans d'exercice, en janvier 2014, elle est au plus haut.
Il suffira de trois mois, d’une circulaire émise pour l’interdiction des spectacles de Dieudonné (janvier 2014), et d’un débat lancé sur la liberté d’expression pour que la tendance s’inverse. L’échec historique de la gauche aux élections municipales de Mars 2014 achèvera de noircir le tableau.
2017 : en ballotage défavorable pour la seconde primaire socialiste
Entre mars 2014 et janvier 2017, Manuel Valls voit sa cote d’avenir chuter de 12%. Pas un hasard : son arrivée à Matignon après les municipales de mars 2014 a renforcé son positionnement ultra-libéral, en particulier sur les questions de sécurité. Une rigueur qui passe mal chez les Français : le pays ne manquera pas de lui faire sentir avec les nombreuses manifestations provoquées par le débat sur la Loi Travail, ou avec le débat lancé, après les attentats du 13 novembre 2015, sur la déchéance de nationalité. Son passage en force sur le 49.3 ne lui sera d’aucune aide : après la renonciation de François Hollande à se lancer dans la course pour un second mandat, Manuel Valls se déclare candidat pour la primaire de gauche, osant même un revirement soudain, justement, sur la suppression de cet article qui lui a couté tant de point dans les sondages de popularité.
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Le résultat du premier tour de scrutin le fragilise plus que jamais : l’ex-premier ministre avec 31% se retrouve en ballottage défavorable derrière le nouveau favori, Benoit Hamon (36% des votes). L'autre héritier supposé de François Hollande, mais aux idées de gauche radicalement opposées.
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