McKinsey : une enquête préliminaire ouverte pour "blanchiment aggravé de fraude fiscale"

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McKinsey : une enquête préliminaire ouverte pour "blanchiment aggravé de fraude fiscale"

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Le parquet national financier a annoncé ce mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire pour blan
Le parquet national financier a annoncé ce mercredi l'ouverture d'une enquête préliminaire pour blan
© Maxppp - Jan Schmidt-Whitley

Après la publication du rapport du Sénat sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques, le parquet national financier a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire le 31 mars.

Le parquet national financier (PNF) a ouvert le 31 mars une enquête préliminaire pour "blanchiment aggravé de fraude fiscale" "après avoir pris connaissance du rapport du Sénat (...) sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques", a annoncé mercredi le procureur national financier dans un communiqué. Elle est confiée au Service d'enquêtes judiciaires des finances (SEJF). "Cette enquête vise bien et uniquement la société McKinsey sur la question de son statut fiscal en France", d'après les informations recueillies par Franceinfo auprès d'une source judiciaire. L'enquête ne se penche donc pas sur la régularité des marchés conclus par les administrations françaises avec les cabinets privés.

"Suspicion de faux témoignage"

Dans ce rapport, la commission d'enquête du Sénat a accusé les entités françaises du cabinet McKinsey d'optimisation fiscale. Elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020. Le Sénat à majorité de droite avait saisi la justice pour "suspicion de faux témoignage" contre un dirigeant de McKinsey qui avait affirmé que son cabinet payait bien cet impôt, alors qu'il était sous serment.

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Lors de son audition, sous serment, face à la commission d'enquête du Sénat le 18 janvier 2022, le directeur associé de McKinsey responsable de l'activité Secteur public, Karim Tadjeddine a répondu à plusieurs questions, notamment d'ordre fiscal : "Je le dis très nettement : nous payons l'impôt sur les sociétés en France et l'ensemble des salaires sont dans une société de droit français qui paie ses impôts en France." Le 26 mars, McKinsey avait affirmé qu'une de ses filiales a payé l'impôt sur les sociétés en France : "Toutes les entités de McKinsey en France sont assujetties à l'impôt sur les sociétés. Ainsi, sur la même période (2011-2020, NDLR), sa filiale de mise en œuvre a payé six ans l'impôt sur les sociétés."

Une influence croissante des cabinets de conseil

Dans le rapport du Sénat, plusieurs noms sont cités, comme Accenture, Bain, Boston Consulting Group (BCG), Capgemini, Eurogroup, EY, Wavestone, PwC, Roland Berger ou encore McKinsey. Le recours aux consultants n'est pas nouveau, mais il a fortement augmenté entre 2018 et 2021, d'après le rapport du Sénat. Plus d'un milliard d'euros ont été dépensés l'an dernier. "Les dépenses de conseil des ministères ont plus que doublé sur la période, avec une forte accélération en 2021 (+ 45 %)", affirment les sénateurs, en se basant sur les données de la direction du budget. Le rapport a fait les calculs : "au moins 68 commandes sont passées, pour un montant total de 41,05 millions d’euros".

Selon le président de la commission, Arnaud Bazin (LR) et la rapporteure Éliane Assassi (CRCE), recourir à des consultants est devenu "un réflexe", "même lorsque l'État dispose déjà de compétences en interne". Ces cabinets ont participé à "la plupart des grandes réformes du quinquennat". Par exemple, la création du baromètre des résultats de l’action publique a été confiée au cabinet Capgemini, pour un montant total de 3,12 millions d'euros.

"Depuis le début nous appelons à ce que toute la vérité soit faite sur les pratiques fiscales de ce cabinet de conseil", a déclaré le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal après l'annoncé du PNF. "Ce cabinet de conseil paiera ce qu'il doit payer" assure-t-il.

"Ce qui m'importe, c'est le bon usage de l'argent public", a réagi le président-candidat Emmanuel Macron sur France inter lundi 4 avril. "Si au cas par cas il y a des abus, que certains contrats sont mal passés, il faut que ce soit contrôlé par les parlementaires d'une part et par le juge s'il y a une malversation ou un non-respect du code", concède-t-il. Le président-candidat l'assure : "S’il y a des abus, il faut qu’ils soient sanctionnés."