Melanie C : "Avec les Spice Girls, nous savions que nous avions une responsabilité"
Par Julien Baldacchino
L'ancienne chanteuse des Spice Girls, Melanie C, sort ce mercredi un nouveau titre, "In and out of Love", en attendant son nouvel album prévu début octobre. Pour franceinter.fr, elle évoque ce disque à la fois dansant et engagé, les luttes pour l'égalité et la tolérance et revient sur le rôle des Spice Girls.
On l'a connue en tant que "Sporty Spice", la fille forte et dynamique de l'un des groupes pop les plus influents de ces dernières décennies : les Spice Girls. Plus de 20 ans plus tard, Melanie Chisholm, dite Melanie C, prépare son retour avec un album à paraître le 2 octobre prochain, dont un troisième extrait est dévoilé ce mercredi : "In and out of Love".
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Sur ce disque dont la plupart des chansons ont tout pour faire danser, la chanteuse britannique défend des textes appelant à la confiance en soi, à la force de caractère, à l'acceptation. Des messages relayés également dans les clips liés, où l'artiste apparaît tantôt comme une héroïne de jeux vidéo, tantôt comme la spectatrice d'un musée consacrée à son passé.
Avec elle, nous sommes revenus sur les thématiques abordées dans ce disque, mais aussi sur le rôle que peuvent jouer les artistes pop sur ces questions - et sur la façon dont les Spice Girls ont accompagné ce mouvement déjà à la fin des années 90.
FRANCE INTER : On vous connait comme chanteuse de pop, mais ce nouvel album est beaucoup plus dance...
MELANIE C : "C'est la première fois que j'explore à ce point la musique dance. C'est définitivement un album pop, mais je voulais aussi en faire un disque qui donnerait aux gens envie de danser. Depuis deux ans et demi je joue parfois comme DJ. Et avoir l'opportunité d'être derrière les platines, de voir ce qui se passe sur le dancefloor, de voir comment les gens réagissent à la musique, ça a vraiment influencé le son de cet album.
Mais il était aussi important pour moi que les paroles des chansons soient honnêtes, sincères. J'ai donc l'impression – et je l'ai expérimenté lors des premières écoutes – que c'est un album sur lequel on peut danser, mais que l'on peut aussi écouter calmement, assis. Pendant que le disque prenait forme, je me suis rendu compte qu'une thématique s'en dégageait : il y est beaucoup question d'affirmation [empowerment en VO, NDLR], de positivité."
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L'une des chansons qui porte le plus fort ce message est "Who I Am", l'un des extraits déjà sortis de l'album. Comment les chanteurs pop peuvent aider les gens dans ce processus qui est pourtant très intime ?
"Gosh ! [en anglais dans le texte, NDLR] C'est très difficile. Quand on est jeune, on n'a pas envie d'écouter des conseils, on veut tracer son propre chemin. J'espère que les mots que j'écris peuvent, d'une certaine manière, donner un peu d'aide. Je me souviens de mon adolescence, dans ma chambre : écouter de la musique me donnait beaucoup de force."
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Quels artistes, quelles chansons, vous ont apporté cette force, à l'époque ?
"J'ai toujours été une immense fan de Madonna. Elle a beaucoup influencé mon envie de faire de la scène, d'être chanteuse. J'étais aussi fan d'Annie Lennox, de Dusty Springfield. J'ai écouté beaucoup de musiciens, de chanteurs, mais ces femmes fortes sont celles qui me suivent encore aujourd'hui, en tant qu'artiste femme."
La musique a-t-elle sa place dans les luttes pour la tolérance, pour l'égalité, qui traversent la société aujourd'hui ?
"Je le pense, oui. Lorsque vous êtes une personnalité publique, vous avez une tribune. Des gens vous entendent. Si vous avez la chance d'avoir des fans, alors ceux-ci écoutent ce que vous avez à dire. Tout cela implique une grande responsabilité. Et je pense que la musique peut vraiment donner de la force au public, élever les gens.
Il y a beaucoup de problématiques du monde d'aujourd'hui qui ont quelque chose à voir avec l'éducation. Chacun peut avoir sa propre opinion, mais souvent, la peur vient de l'inconnu. On peut essayer d'éduquer. C'est une bonne chose, d'avoir une tribune pour cela, essayer de bien faire les choses."
L'an dernier, vous avez participé au retour sur scène des Spice Girls. Est-ce que cela a aussi eu une influence sur la création de votre nouvel album ?
"Oui, et même plus que je ne le pensais. C'est cette incroyable expérience qui nous a fait réaliser énormément de choses, et notamment comment nous avons influencé toute une génération de jeunes femmes, de jeunes gens. Cela nous a rendues à la fois très fières de cet héritage, qui est derrière nous aujourd'hui, et en même temps cela a aidé dans une forme de redécouverte de moi-même.
C'est le cas pour la tournée des Spice Girls, mais aussi pour une autre tournée que j'ai faite peu de temps après avec le collectif LGBTQ+ Sink The Pink, très marquée par cette idée d'apprendre à s'accepter, à s'aimer. Tout cela a beaucoup inspiré l'album."
Il y a plus de 20 ans, quand vous étiez avec les Spice Girls, étiez-vous conscientes d'être une forme de modèle pour les jeunes gens qui vous écoutaient ? Ou est-ce quelque chose dont vous avez pris conscience plus tard ?
"Nous avons su, assez tôt, que nous avions une certaine responsabilité. Avec les Spice Girls, nous avions des admirateurs et admiratrices qui étaient très, très jeunes. Nous avons sûrement été un des premiers groupes pop à être écoutés par des tout petits. Même si nous étions jeunes à l'époque, qu'on grandissait, qu'on faisait des erreurs – et qu'on apprenait de ces erreurs, nous savions que nous devions faire attention, que nous devions être responsables.
En revanche, je ne crois pas qu'à ce moment-là nous avions réalisé à quel point l'impact que nous avons eu sur les gens a été positif. Ces 10, 15 dernières années, beaucoup de gens sont venus nous voir, nous ont envoyé des e-mails ou des messages sur les réseaux sociaux, et nous avons réalisé comment ce groupe les avait inspirés. Ce que je trouve incroyable, c'est qu'aujourd'hui de jeunes artistes nous citent comme référence… Alors que moi-même je suis inspirée par eux ! Ces inspirations mutuelles, ce côté cyclique, c'est quelque chose que je trouve fascinant."
Quels artistes de la nouvelle génération vous inspirent ?
"Globalement, l'époque actuelle, dans le monde de la musique, est très stimulante. La façon dont on consomme de la musique a totalement changé. Aujourd'hui, tout est accessible instantanément, on peut chercher, trouver, tomber par hasard sur des artistes… c'est génial. Je suis une grande fan de Billie Eilish – en même temps, qui ne l'est pas ? Sa singularité, sa confiance dans le fait d'être différente, sont des choses qui sont inspirantes en soi. J'aime aussi Charli XCX, évidemment Beyoncé – c'est The Queen ! – ou encore Christine and the Queens, qui elle aussi a son propre univers. Elle est unique : j'aime sa façon de danser, son attitude, sa musique, ses sonorités… Elle maîtrise tout ce qu'elle fait avec beaucoup de créativité.
Avec ma fille nous écoutons des artistes plus jeunes encore, comme Ariana Grande... C'est génial de voir qu'il y autant de filles différentes, qui font des choses formidables dans tant de styles différents."
Votre chanson "Who I Am" est sortie au moment où les premières mesures de confinement arrivaient. En plus du clip traditionnel de la chanson, vous avez tourné une deuxième version, confinée, de cette vidéo…
"Le confinement a été une étrange expérience pour tout le monde. À la base, c'était la télévision allemande qui m'avait demandé une vidéo sur cette chanson, je ne maîtrisais pas la technique pour le faire – maintenant, je maîtrise un peu mieux – mais nous trouvions que c'était une idée amusante. J'ai toujours été discrète sur ma vie privée. Quand vous êtes une personnalité publique, il est toujours difficile de définir où s'arrête la vie publique, où commence la vie privée.
Mais avec cette pandémie, c'est la première fois que le monde entier (ou au moins la majeure partie du monde) vit la même chose, au même moment. Cela m'a conduit à me montrer plus ouverte, et à montrer plus de moi, de ma vie privée.
L'époque est si incertaine, si effrayante, on ne sait pas de quoi est fait le futur, on peut avoir peur pour notre santé, pour nos proches… je me suis dit que, même confinés, il fallait s'aider les uns les autres. Donner ce petit quelque chose en plus me semblait très important."
De quoi êtes-vous la plus fière dans cet album ?
"Je crois que c'est le fait d'être arrivée à faire ce que je voulais. Je voulais un album léger mais qui ne soit pas vide de sens. Au niveau des paroles, je voulais qu'il dise des choses qui aident les gens, qu'il soit stimulant sans être donneur de leçons.
C'est assez rare, dans une carrière, quand tout a l'air de fonctionner comme on l'espérait. Avec ce disque, c'est le cas."