
Les Autolib sont équipées de batteries au lithium sous licence canadienne, et pourtant l'inventeur est un Français, qui a eu raison trop tôt
C’est dès 1980 à Amiens au
LRCS, laboratoire de Réactivité et Chimie des Solides, à l’Université de Picardie Jules Verne, que
Michel Armand et son équipe mettent au point la « LMP », la batterie lithium - métal - polymère.
Le principe de la batterie est simple. Tout tient dans un quart de millimètre, en cinq couches de cuivre et d’aluminium avec un électrolyte conducteur solide en polymère. Ce système permet d’amener les ions de l’électrode négative à la positive par un collecteur. Du phosphate de fer lithié recouvre l’électrode négative.

Ce chercheur du CNRS désormais retraité, qui enseigne aujourd'hui à mi-temps à l’Université du Guipuzcoa (Pays basque espagnol) dépose à la suite de leur invention, au long des années 90, des dizaines de brevets.
Comment la France a raté le coche
Cette invention donne alors à la France un produit fiable et bon marché qui finira par équiper les Autolib... mais après combien de péripéties !
Faute de financeurs en effet la France - et le CNRS - ont entretemps cédé la propriété des brevets et abandonné la recherche! EDF et ELF se sont retirés de la course et l’invention de l'équipe d'Armand s'est finalement retrouvée en développement chez HydroQuébec et à l’Université de Montréal.
Michel Armand passera huit ans au Québec, "prêté" par le CNRS.
Mais quand il apprend en 2003 que le CNRS a décidé de céder ses brevets « pour une bouchée de pain » à un groupe de ses collègues bien décidé à commercialiser mondialement sa batterie (entreprise PHOSTECH), il rentre en France pour protester auprès du Directeur de Cabinet de la ministre de la Recherche Claudie Haigneré.
Sa démarche n’aboutit pas. « On n’a pas compris la valeur intellectuelle de cette invention » regrette-t-il car depuis ses brevets ont fait du chemin pour aboutir en Chine, devenue le premier producteur mondial de batteries au lithium-phosphate-fer.